Le 8 avril 1991 sort Blue Lines de Massive Attack. Le groupe Anglais en provenance de Bristol démarque avec ce disque innovateur à l’impact violent une nouvelle ligne d’horizon musicale avec la grisaille comme tableau de fond. Une ligne, ou une arborescence plutôt où se mélange de la soul (pour les voix féminines), du hip-hop, du dub et du reggae (pour le rythme) ou encore du punk rock. Un mélange cotonneux et sensuel, emprunt de sons nouveaux et de l’importance de nouvelles (et plus abordables) technologies.
Dire que le trip-hop est né ce jour là serait une erreur, mais cet album en sera une des pierres angulaires. Bristol donc. Cette ville cosmopolite, lieu de mixité sociale et culturelle, de mélange des communautés est l’endroit idéal pour l’éclosion, la maturation de ce nouveau genre de musique que l’on appellera bientôt trip-hop, terme employé pour la première fois par le journaliste Anglais Andy Pemberton en 1994. Ce mouvement est aussi la collision avec certains puristes internationaux du hip-hop (comme Howie B, Dj Krush, La Funk Mob ou Dj Shadow par exemple) qui préfèrent revenir à un style instrumental au tempo ralenti et plus proche de l’esprit originel du hip-hop et de sa notion de creuset musical.
Tout commence à la fin des années 80 dans les soirées qui animent la ville la nuit. Parmi les différents collectifs qui y officient, Smith & Mighty et surtout The Wild Bunch furent les premiers à brasser les musiques des différentes communautés, osant le choc des rencontres du hip-hop, du reggae, de la soul et du punk. Alors que Wild Bunch disparaît, trois de ses membres, Daddy G, 3D et Mushroom, forment Massive Attack, groupe auquel on associera pendant quelques années leur ancien partenaire, le chanteur Tricky. Un autre groupe apparaît dans la foulée en 1994, Portishead, dont l’un des fondateurs, Geoff Barrow, est justement l’ancien ingénieur du son de Massive Attack. Le disque Dummy précède de seulement quelques semaines Maxinquaye, le premier album solo de Tricky. Ces deux disques, élargissant chacun à leurs manières encore le spectre et les climats sonores du trip-hop, donnent alors à Bristol une notoriété qui dépasse largement les frontières Anglo-saxonnes. Le trip-hop vivra son heure de gloire jusqu’à un certain essoufflement à la fin des années 90.
C’est sur ce genre musical qu’a décidé de se pencher Marc Collin (fondateur avec Olivier Libaux de Nouvelle vague – un million de disques en 4 albums excusé du peu… – et, avec Xavier Jamaux, d’Ollano) avec son nouveau projet intitulé, Bristol… Relecture à la classe et l'esthétique très 60’s (envie totalement assumée) de figures emblématiques comme Massive Attack, Neneh Cherry, Perry Blake, Goldfrapp, Hooverphonic ou Jay-Jay Johanson… par de jeunes artistes comme Clara Luciani, Jim Bauer, Dawn, Yasmina Hamdan ou Prudence Fontaine.
Le résultat est assez sympathique, pas toujours convainquant mais Marc Collin, en fin tacticien de la reprise, choisit un versant décalé (forcément) et une orientation pop assez éloignée de l’esprit premier mais plus proche de ses propres velléités stylistiques. Bristol se transforme alors en un Paris des années 60 filmé par Godard par exemple. Comme si la musique de Massive Attack et consorts était chantée par Michel Poiccard, Laszlo Kovacs ou Patricia Franchini. La boucle est bouclée.
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