Comme
l’écrivait Jacques Brel dans "Les Fenêtres",
‘il faut parfois avoir l’audace d’appeler un chat un chat
: "Forever Changes" du groupe californien
Love, sorti en 1967 est le plus grand disque pop-rock de tous
les temps.
Même si, désormais reconnu à sa juste valeur, ce lumineux
troisième album est pourtant passé totalement inaperçu
à l’époque (Doors, Byrds, Seeds et
autres faisant trop d’ombre à Los Angeles) provoquant du même
coup la chute prématurée du combo peu après le magnifique
single "Your Mind And We Belong Together" en 1968.
Le ciel s’assombrit ensuite fortement pour le mégalomane leader
Arthur Lee sombrant petit à petit dans un anonymat culte
après un dernier coup d’éclat en 1969 intitulé "Four
Sail". Un come-back au début des années 90 puis Arthur
Lee fait un séjour de six ans en prison pour port d’armes avant
d’être libéré fin 2001. A peine sorti, il émet
le désir de relancer son groupe défunt dans une énième
mouture officiellement pour rattraper le temps perdu en faisant découvrir
la musique de Love aux jeunes générations, officieusement pour
renflouer les caisses (désespérément vides).
Qu’importe, le projet se concrétise quelques mois plus tard sous
la forme d’une tournée couronnée de succès (le passage
au Café de la Danse le 15 juin 2002 restera comme un des sommets de l’année).
Entouré de gamins hautement compétents répondant au nom
évocateur de ‘Baby Limonade’, notre homme
y avait brillamment revisité nombre de ses pépites sixties malgré
l’absence dommageable de nombreux instruments sur les morceaux de "Forever
Changes".
Cuivres et cordes seront incorporés au groupe lors du ‘Forever
Changes Tour’ en début d’année (malheureusement resté
de l’autre côté de la Manche) incluant cette fois l’intégralité
de l’album magique. On est certes en droit de douter des ambitions artistiques
de notre homme (et surtout de sa maison de disque), tout ceci sentant à
plein nez l’arnaque commerciale mais voici que sort un live retraçant
cette tournée 2003, enregistré en janvier dernier au Royal Albert
Hall de Londres.
Comme tout le portait à croire, ce disque n’apporte absolument
rien à l’histoire et ne mérite aucunement l’achat,
cassant même, dans un certain sens, le mythe. Chaque intervention d’instrument,
chaque break, chaque bribe de voix est religieusement connu du fan, imprimé
en lui, comme gravé en dur dans les tables du rock ce qui rend toute
incartade des versions originales des plus périlleuses.
Dans un tel conteste ce disque ne peut que décevoir entre interprétations
sans intérêt ("The Daily Planet", "The
Good Humor Man He Sees Everything Like This") voire ratées
("A House Is Not A Motel"). Restent cependant quelques versions
sympathiques de "Alone Again Or", "Live And Let
Live" et même emballantes ("Bummer In The Summer",
la pépite cachée du disque).
Un deuxième CD propose quatre titres bonus joués le même
soir revenant sur le penchant garage des débuts "Seven And Seven
Is" ou encore "My Little Red Book" du premier album.
Pour les autres, la réédition deluxe de "Forever Changes"
sortie en 2001 est disponible (souvent à 9€) partout et pour l’éternité.
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