Comédie dramatique de Kathrine Kressmann Taylor, mise en scène de Luc Clémentin, avec Roland Gervet, Jean-Jacques Vélicitat, Dorothée Lorthiois (au chant) et Caroline Dubost (au piano).
Le public est encore en train d'attendre dans la cour qu'un air d'opéra nous parvient du premier étage, chanté par une voix féminine. Après avoir gravi un escalier sinueux en bois, on pénètre dans un salon cossu à l'éclairage tamisé où deux bibliothèques se font face. Devant l'une d'elle, la cantatrice et la pianiste continuent leur concert tandis que Max et Martin, deux amis, se quittent lors de cette soirée d'adieux.
Martin retourne vivre en Allemagne et laisse Max aux Etats-Unis. Ils sont tous deux marchands d'art. Nous sommes en 1933. Commence alors une correspondance entre eux, tandis qu'en Allemagne, un homme nommé Hitler apparait au pouvoir...
Le best-seller de Kathrine Kressman Taylor est adapté ici de la plus sobre des manières par Luc Clémentin, les deux acteurs (Roland Gervet et Jean-Jacques Vélicitat, aussi excellents l'un que l'autre) se lançant au fur et à mesure les lettres d'un bout à l'autre de la salle, leurs voix et leurs expressions bien évidemment modifiés par la tournure des événements.
La pièce décrit de manière éloquente la montée insidieuse de la haine et du fanatisme. On est pris par cette ambiance oppressante, par les voix et les chants magnifiques et glaçants qui ponctuent les échanges et prennent toute leur force dans cette atmosphère feutrée où soudain tout se dérègle.
Le spectacle, court et dense, est rallongé par une dizaine de minutes d'applaudissements nourris ininterrompus (et justifiés!).
Une pièce indispensable à voir absolument |