Voilà donc déjà la quatrième réalisation du groupe britannique mené par le trublion Eddie Argos. Je dis "déjà" parce qu’après avoir bien rigolé à la sortie de Bang Bang Rock&Roll en 2005, pas grand monde n’aurait misé un sou sur la suite des aventures du groupe. Non pas qu’il soit dénué de talent, mais de l’aveu même des protagonistes, cela ressemblait davantage à une blague potache qu’à une vocation sérieuse.
Depuis, pourtant, tous les deux ans, la bande sort un nouvel opus, de qualité variable. A la vérité, j’ai décroché progressivement, jusqu’à ne plus laisser traîner qu’une oreille paresseuse sur celui de 2009 (Art Brut Vs. Satan, dispensable, malgré la promesse augurée par l’improbable passage aux manettes de l’ami Frank Black !).
C’est donc avec un mélange de curiosité et de craintes que j’attaquais l’écoute de ce Brilliant ! Tragic !, dont le titre seul confirmait déjà que Mr Argos n’avait pas perdu son autodérision.
Première remarque, et elle est notable : la pochette est sublime, dans un style Comics très soigné. On la doit à l’artiste Jamie McKelvie, qui illustre de belle manière le contraste du titre de l’album par des funérailles Rock’n’Roll. Voilà qui mériterait presque une édition vinyle.
Une fois le disque lancé, ça attaque fort ! Des guitares quasi-Pixiennes, du gros son, des hurlements… Impossible ce coup-ci de ne pas reconnaître la (grosse) patte du Black, toujours présent à la production. Il semble que les deux compères aient enfin pris le temps de se connaître et cela transpire sur quasiment tous les titres : on retrouve du Frank Black période (pas très) Catholics sur "Lost Weekend" et surtout sur le musclé "Martin Kemp Welch Five-A-Side Football Rules !", voire période Grand Duchy sur "Axl Rose".
Jusqu’à présent, Eddie Argos abritait souvent ses limitations vocales derrière son humour et ses textes (il faut être honnête, sa contribution tenait davantage de la scansion que du chant). Désormais, et c’est bien une des nouveautés de l’album, il semble enfin avoir trouvé sa voix ! Comme il le reconnaît, Frank Black a eu le temps de lui apprendre à chanter (…comme lui, aurait-il du rajouter, tellement les cris de "Is Dog Eared" sont pompés sur l’ex-leader des Pixies) ; et c’est donc un chant complètement assumé et décomplexé qui accompagne la majorité des compositions du groupe.
Malgré un jeu nettement plus musclé qu’à l’ordinaire, Art Brut parvient aussi à freiner les guitares et c’est dans ces rares instants de calme que l’on retrouve l’esprit bancal de leur début et cet accent cockney inimitable ; "Sealand" et son refrain aux faux airs de Richard Sanderson, le très chouette "Ice Hockey" et ses variations rythmiques en sont de parfaits exemples.
Rien de mieux finalement pour résumer l’album, que d’en reprendre un des titres phares (et très réussi) : sexy, sometimes ! |