Orphée représente tout autant la poésie que la musique, symbole d’un lien profond entre ces deux arts et, même si l’on peut juger qu’un poème pourrait se suffire à lui-même, son approche musicale lui apporte un éclairage nouveau, qui en développe les contours autant sur le plan de la sonorité que sur celui de la signification. Une rencontre entre deux arts, qui s’unissent aussi dans le sonore et dans l’écoute.
Nombreux sont les musiciens à avoir mis en musique de la poésie, depuis la renaissance où il était de bon ton de mettre en musique le prince des poètes, jusqu’aux modernes comme Debussy avec Baudelaire. Plus proche de nous, c’est le grand Léo Ferré qui a habillé de musique les poèmes de Verlaine, Rimbaud… ou Michel Houellebecq avec son propre répertoire.
Cette fois-ci, ce sont Nicolas Comment (photographe, vidéaste, chanteur et compositeur d’un premier album influencé par Gainsbourg et Rodolphe Burger) et Xavier Waechter (ancien membre du très dispensable groupe fusion Silmarils) qui, ensemble, ont décidé de s’attaquer à la prose sombre, hybride et crépusculaire du poète, écrivain et critique d’art Bernard Lamarche-Vadel et de son recueil De la douce Hystérie des bilans, sorti en 2000.
Le résultat est forcément abrupt, escarpé mais aussi souvent inégal. Enregistré comme dans une quasi retraite monastique, avec la volonté d’utiliser leur musique comme révélateur à la magnifique noirceur des textes de Lamarche-Vadel, Comment et Waechter utilisent le spoken word et une musique volontairement minimaliste et répétitive comme matériau compositionnel. Malheureusement, le fruit de leur collaboration est assez irrégulier, si l’ambiance générale est plutôt ténébreuse et spleenienne grâce au phrasé impeccable de Nicolas Comment, la musique manque, sauf à de rares exceptions ("À K.T.", "Gloire Noire", "Protéger et désir") cruellement d’attrait et d’intérêt.
A réserver donc aux amateurs de poésie et surtout à ceux de l’œuvre de Lamarche-Vadel… |