Notre système de santé est réputé dans le monde, de nombreux pays nous l’envie, ne serait-ce que pour la qualité des soins qu’on y délivre mais aussi pour la nature de sa prise en charge. Malgré cela, certains spécialistes estiment que c’est vers 2018 qu’il explosera.

Philippe Pujol est un journaliste marseillais qui a déjà reçu le célèbre prix Albert-Londres du grand reportage de presse écrite pour ses articles sur les quartiers nord de Marseille. Après un travail de recherche mené auprès des acteurs majeurs de la santé, son dernier livre, Marseille 2040, dessine ce que sera la santé de demain. Son exercice de prospective prend la forme d’un récit qui convoque les données géographiques, démographiques et administratives de Marseille, projetées en 2040. Philippe Pujol présente une vision de ce à quoi notre système de santé pourrait ressembler en 2040. En faisant le choix du récit d’anticipation, Philippe Pujol se permet d’assumer une part d’incertitude et d’imagination tout en incarnant des questions brûlantes, urgentes et sensibles.

L’histoire se passe donc dans la cité phocéenne, en 2040. Les médicaments sont livrés par drone, la chirurgie est devenue essentiellement robotisée et chaque patient est suivi par des implants qui communiquent avec des régulateurs de santé. Le système de santé, qui n’a plus rien à voir avec le nôtre donne toute leur place aux nombreuses évolutions technologiques en germe dans l’e-santé.

Antoine, jeune régulateur, apprend qu’il va bientôt être remplacé auprès de ses patients par un programme informatique. Inquiet de voir ses patients être confiés à un algorithme appartenant à une société privée, Antoine va se mettre à enquêter.

Au cœur du livre se trouve la mise en place d’un nouveau système après une grippe mortelle de grande ampleur et la place importante prise par les assistants virtuels et l’intelligence artificielle, un peu comme celle vue dans le film Her avec Scarlett Johansson qui d’ailleurs revient souvent dans le livre. Ces assistants virtuels régissent notre quotidien dans le livre, ils organisent tout pour nous, nos rendez-vous et même nos relations amoureuses (encore une référence à Her).

La question qui se pose, au-delà du poids important pris par cette intelligence artificielle dans notre futur est de savoir qui la proposera, le public ou bien le privé.

Philippe Pujol, en bon journaliste, nous montre qu’il est un fin connaisseur du système de santé actuelle. Il connaît ses lourdeurs administratives, son personnel surmené face à une population vieillissante et un défaut d’adaptation des lieux de prise en charge.

Ayant été accompagnateur médical pour des proches au cours des dernières années, il a pu voir ce système de l’intérieur, voire l’évolution des relations entre personnels soignants mais aussi entre les soignants et les malades. Il a vu les tensions augmentées dans les hôpitaux au cours des dernières années. Il a alors fait le choix de parler de notre système de santé sous une forme littéraire d’une grande originalité pour nous inviter à réfléchir sur son évolution. Le pari est réussi.