Comédie écrite et mise en scène par Brigitte Mounier, avec Brigitte Mounier, Marie-Paule Bonnemason, Antonin Chediny et Sarah Nouveau.

S'il y avait un seul reproche à adresser à "La Sextape de Darwin" conçue par Brigitte Mounier, ce serait son titre. Rien, en effet, de sulfureux et d'intrusif dans ce spectacle qui arrive à parler pendant une heure et demie de sexe sans une once de vulgarité.

Rien à voir avec ce qu'on sous-entend quand on utilise le vocable de "sextape". Pas même de quoi supposer une connivence entre le filmage d'ébats sexuels et le génial naturaliste.

Non. Brigitte Mounier, qui joue ici à la perfection les spécialistes des accouplements divers et variés, a pris pour ce qui s'avère une conférence exhaustive des airs de savante très chic, un tantinet snob, et cela sans jamais se départir d'un humour bien à elle qui rappellera aux plus anciens certaines "Rubriques à brac" conçues et dessinées par le génial Gotlib.

Assistée d'une jeune chanteuse (Marie-Paule Bonnemason), pouvant fredonner à l'envi Henry Purcell et Umberto Tozzi, et de deux danseurs (Antonin Chediny et Sarah Nouveau) pouvant passer de l'état de limaces cool à celui de bonobos bien excités, elle a créé un spectacle loufoque - presque branquignolesque - d'une grande originalité et d'une grande beauté.

On y apprendra moultes choses sur la chose et des anecdotes incroyables sur la sexualité des animaux. Pas sûr qu'on retienne tout, mais on n'oubliera pas certains détails piquants sur la girafe ou le pingouin, pas plus que cette statistique inouïe : 30 % des espèces (si l'on excepte les insectes) pourraient être classées parmi les hermaphrodites.

Si toute cette information pourtant anatomiquement correcte et sérieuse scientifiquement provoque bien des rires, Brigitte Mounier sait aussi faire la part à de beaux moments poétiques très joliment chorégraphiés par Philippe Lafeuille.

On sera sous le charme de la scénographie d'Ettore Marchica, constamment mise en valeur par les jeux de lumière de Nicolas Bignan qui font aussi la part belle aux costumes vraiment inventifs d'Emilie Cottam.

"La Sextape de Darwin" n'est donc pas simplement une pochade superbement écrite et propice à l'hilarité. C'est un spectacle formellement réussi qui amusera petits et grands puisqu'il n'est jamais égrillard.

Au contraire, à l'heure où la diversité est menacée, "La Sextape de Darwin" est un hymne à la beauté originelle du monde. On espère que les hommes prendront conscience de leur responsabilité devant une si malicieuse évocation de la merveilleuse complexité de Dame Nature.