Les amoureux de films d'espionnage des années 60 attendaient ce nouvel OSS 117 au tournant. Après l'affligeant "San Antonio" de l'an dernier, il fallait redorer le blason de nos héros d'antan.
Hubert Bonisseur de la Bath n'était-il pas, il y a quelques décennies le James Bond français, le fleuron de l'espionnage hexagonal, prêt à séduire les plus jolies ambassadrices de pays en conflit pour atteindre les méchants désireux de conquérir le monde ?
C'était du moins la lecture au premier degré de l'époque. Les temps ont changé et si OSS 117 reste un espion apprécié dans cette nouvelle aventure au Caire, il n'en devient pas moins, en 2006, le héros d'une farce ironique finement ciselée par Jean François Halin et Michel Hazanavicius.
Campé par un Dujardin en grande forme, cet espion misogyne, inculte et raciste, amuse le public par ses travers et ses défauts en essayant d'incarner la classe française entre différents incidents diplomatiques irrésistibles. L'exploit de Michel Hazanavicius n'est pas seulement d'avoir trouvé un casting impeccable mais surtout d'avoir su reprendre techniquement tout ce qui faisait le charme de ces films d'espionnage terriblement vieillis.
La couleur est affadie, les décors sont en carton pâte et on passe de scènes de cascades aux trucages improbables à des éclats de rires virils entre espions, le tout avec les habituels défauts de continuité qui faisaient le charme de ces productions. Une véritable relecture de ces vieilles séries B par un cinéphile averti se retrouve dans OSS 117 sous couvert, comme d'habitude, d'une histoire alambiquée d'espions internationaux déguisés en vendeurs de volaille.
A la différence d'un Brice de Nice, Jean Dujardin dans le rôle d'OSS 117 n'en fait même pas trop. Il campe parfaitement le personnage à coups de sourires hautains et offre une prestation de haut vol dans cette incarnation riche en clichés : le personnage se "moque comme d'une guigne" d'aller visiter les pyramides, il salue le travail des pharaons dans le canal de Suez et fait taire le muezzin qui l'empêche de dormir. Les seconds rôles sont fort bien choisis avec particulièrement deux OSS 117 girls, Aure Atika et Berenice Bejo, parfaites.
OSS 117 n'est pas seulement une comédie réussie pleine de surprises et d'astuces mais c'est aussi un hommage appuyé au cinéma d'action des sixties, un cinéma où les trucages n'étaient pas numériques mais en papier mâché, où les histoires d'espions cavaleurs fascinaient les adolescents et où les gentils gagnaient toujours après un éclat de rire, un feu d'artifice et un baiser langoureux avec l'espionne repentie. |