The Districts fait partie de ces groupes qui, par calcul savant, coup de chance ou talent pur – il est encore trop tôt pour se prononcer – ont sauté allègrement quelques classes dans leur progression. Depuis des concerts remarqués l’année dernière au SXSW festival à Austin et au Great Escape de Brighton, le groupe est placé sous haute surveillance des deux côtés de l’Atlantique. En provenance de Pennsylvanie, le jeune quatuor (les membres ont tous une vingtaine d’années) qui n’avait jusque là à son actif qu’un album autoproduit Téléphone – écoute disponible sur internet – et deux EP – The Districts EP et The BBC Sessions – se retrouve sous les feux des projecteurs avec la sortie de l’album A Flourish and a Spoil publié chez Fat Possum, comme souvent présent dans les bons coups.
Enregistré avec John Congleton, déjà producteur des derniers St Vincent ou Swans, cet album commence par deux titres roublards : "4th and Roebling" nerveux et tendu puis "Peaches", bombinette pop incandescente. L’affaire serait vite entendue si tout le reste continuait dans la même voie, attrayante mais déjà entendue plusieurs fois. Mais voilà, le groupe brouille les pistes ; les titres suivants sont plus rock, les muscles et guitares bandés et fébriles à la fois pour dérouler une americana sous courant alternatif, tel Neil Young jouant avec en backing band des Strokes ruraux ou des Black Keys citadins.
"Flourish and a Spoil" ne se résume pas qu’à une histoire de guitares. The Districts ne fait pas l’économie de compositions plus apaisées, comme en témoignent le dépouillé "Suburban Smell", avec seulement une guitare acoustique accompagnant la voix de Rob Grote, ou le délicat et poignant "6AM".
On peut regretter un son parfois un peu écrasé et un ou deux titres plus faibles dont le trop long et alambiqué "Young Blood". Les guitares bavent parfois, mais ces écarts de conduite sont vite compensés par la fougue et l'enthousiasme de ces garnements. "We write honest music and are passionate about doing so", telle est leur profession de foi et il sera difficile de les contredire sur ce point. A l’issue de la gigantesque tournée mondiale qu’ils viennent d’entamer, The Districts sauront rapidement – et nous avec – s'ils sont taillés pour devenir un groupe capital ou bien condamnés à la périphérie.
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