Avec son dernier ouvrage publié par les éditions Finitude, l’écrivain Rodolphe Barry a fait le choix de nous faire revivre l’écrivain James Agee, de la même façon qu’il nous avait déjà fait revivre James Carver dans un ouvrage précédent.
James Agee est un écrivain à la destinée particulière dont l’œuvre a été reconnue qu’après sa mort. Avant de quitter son domicile le 16 mai 1955, une heure avant une crise cardiaque fatale, il laissa le manuscrit de Une mort dans la famille sur son bureau. Publié deux ans après sa mort, le livre recevra le prix Pulitzer et connaîtra un succès critique autant que public avec la vente de 500 000 exemplaires aux USA. Ce succès attirera la lumière sur ses articles, ses critiques et ses scénarios qui seront publiés et reconnus comme de nouveaux modèles de leur genre et traduits dans le monde entier. Louons maintenant les grands hommes sortira de l’oubli pour être acclamé et de venir le classique qu’il rêvait d’écrire. Sa contribution au scenario de La nuit du chasseur aura permis au film de s’inscrire parmi les grandes œuvres de cinéma.
On comprend alors mieux pourquoi Rodolphe Barry a fait le choix de se pencher sur cet auteur. Consacrer un livre à un homme qui a plusieurs chefs-d’œuvre à son actif devint rapidement une évidence. En écrivant cet ouvrage, Rodolphe Barry a donc cherché l’homme caché derrière ces œuvres.
L’auteur nous raconte la genèse de son ouvrage Louons maintenant les hommes, comment James Agee se sentait à l’étroit dans son petit bureau new-yorkais, à l’étroit dans son métier de journaliste comme dans sa vie. James Agee travaillait pour un magazine libéral américain, tout ce qu’il haïssait.
Quand son rédacteur en chef l’envoya dans son sud natal pour une enquête sur la vie des métayers en Alabama, James se sentit revivre. Il se retrouva accompagné d’un jaune photographe inconnu avec lequel il s’entendit d’emblée. A eux d’eux, ils vont alors produire un brûlot, un plaidoyer, un cri rageur face à la pauvreté des fermiers dans ces sinistres années 30. L’ensemble deviendra ce livre, ce grand classique de la littérature américaine.
Rodolphe Barry nous permet de découvrir de nombreuses choses sur James Agee. Rapidement, ce dernier voit son nom se mettre à circuler chez les écrivains, les journalistes et les intellectuels. Les adjectifs pullulent le concernant, on le dit fascinant, insupportable, brillant, révolté et alcoolique. Rodolphe Barry nous dévoile aussi ses relations avec Charlie Chaplin qu’il défendra lorsque ce dernier rencontrera des problèmes au temps du maccarthysme.
Avec Honorer la fureur, Rodolphe Barry rend donc un immense hommage à un écrivain qui possédait une très grande sensibilité, qui s’indignait pour le sort que son pays réservait aux plus faibles. Il nous offre une rencontre avec un homme en colère que ses propres faiblesses écœurent, un des derniers romantiques au cœur du capitalisme sauvage américain. |