Texte de Laurent Gaudé, dit par Valérie Lang dans une mise en scène de Stanislas Nordey.
Superbe scénographie de Emmanuel Clolus et lumières de Stéphanie Daniel pour servir d'écrin à l'héroïne de "Sodome, ma douce", texte du romancier et auteur dramatique Laurent Gaudé choisi par Stanislas Nordey dans le cadre de la carte blanche qui lui a été confiée par le Théâtre Ouvert.
Dans ce texte en forme de monologue paru en 2009, Laurent Gaudé, continuant d'explorer le thésaurus fondateur des mythes, s'appuie sur le mythe universel de la cité engloutie et son pendant, la promesse d'un retour vengeur, et les découvertes géo-archéologiques sur la localisation de Sodome, en un lieu où des rochers en forme de corps humain évoquent la figure de la femme de Loth qui fut transformée en statue de sel.
Il y revisite la légende biblique de la destruction de Sodome la dépravée en prêtant sa plume au récit de l'unique survivante d'une entreprise d'anéantissement génocidaire menée par l'arme imparable du bel ange exterminateur, un homme contaminé par une peste sans remède, qui, fossilisée dans une gangue de sel, est ressuscitée par la pluie, une résurrection porteuse de mémoire et de vengeance.
Pour mettre en scène ce poème épique d'une sublime beauté avec Valérie Lang comme interprète, Stanislas Nordey, metteur en scène radical pratiquant un ascétisme théâtral exceptionnel, a opté pour un registre diamétralement opposé, celui du réalisme et de la dramatisation, qui repose sur le jeu du corps physique de l'acteur.
Valérie Lang joue donc uniquement sur l'émotion démonstrative et la profération éructante, yeux larmoyants, salive aux lèvres, voix sanglotante, qui noient la puissance des mots et la métrique prosodique sous une cataracte humorale.
Et, immobile dans une position frontale antinaturelle et sans doute éprouvante, bras levés à l'horizontale pendant près d'une heure, entraînant une apnée récurrente, elle réalise une vraie performance physique. |