"Qui est in, qui est out ?" demandait Gainsbourg. Alors Thomas Fersen a-t-il été, est-il, sera-t-il jamais un chanteur in ? Le vocabulaire estampillé sixties répond déjà en partie à la question posée. Pour le passé, on peut déjà répondre non. Il a eu des succès d'estime, quelques succès publics, mais n'a jamais soulevé une lame de fond populaire à la hauteur de son talent. Pour le présent, on peut douter que Thomas Fersen & The Ginger Accident fasse de nouveaux émules car le dandy décalé semble retourner aux amours de ses premiers disques. Pour l'avenir, on peut toujours espérer que la mode, qui est un éternel recommencement, vienne s'intéresser à nouveau à des chanteurs français de la trempe de Nino Ferrer ou de Jacques Dutronc, parce que c'est à côté d'eux que Thomas Fersen a sa place.
Sa collaboration avec les musiciens lyonnais qui habituellement accompagnent le clochard céleste, le crooner de rue Slow Joe, fait des étincelles, de celles qui illuminent un gâteau ou un cocktail en sortant d'un petit bâton.
En ouverture, "Donne-moi un petit baiser" avec ses cuivres brillants, donne le ton de l'album. Léger et enlevé, drôle et bâti pour remuer du fessier (comme l'indique les pas de danse au dos de la pochette). "Les pingouins des îles", ou les tribulations d'une petite bande autours des quatre ou cinq lieux où perdre son temps en groupe dans un village, rappellent bien des souvenirs adolescents. "Mes compétences", dans un inventaire à la Prévert (comme Nino Ferrer dans "Les Cornichons"), se hisse au niveau des meilleurs chansons de Thomas Fersen. "Joe-la-classe" et ses chaussures en anguille, fait penser à la pochette du dernier album d'Arno. "Viens mon Michel", et ses peurs enfantines/adolescentes de l'émasculation, est absolument savoureuse, tout comme "Les femmes préfèrent" aux tonalités nostalgiques.
Un disque d'une égale qualité mélodique et de textes sur son ensemble est déjà assez rare pour être salué. Mais lorsqu'en plus il est porté par un énergumène pince-sans-rire et de talent, on applaudit des deux mains. De plus, la formation jazz / rock / swing qui accompagne Thomas Fersen sur ce disque promet des concerts dont on ne pourra sortir que le sourire aux lèvres. |