Les vinyles épileptiques s’agitent sur les platines, les mots éructent des paroles percutantes, rap hop hop hop nous voilà. Après une longue collaboration avec le Collectif 13, Alee & Ordoeuvre se retrouvent pour ouvrager cet album incisif et énergique : En désaccord.
Ce qui est balèze et dangereux dans le genre, c’est d’apporter des dialogues ou des instruments à vent a priori sans aucun lien avec la ligne de ton d’une bonne vielle hip-hop song. Alee & Ordoeuvre n’en sont pas à leurs premiers pas dans la musique, les mélanges sont onctueux comme un condiment réussi. Les trompettes nappent les percussions et transcendent le genre à faire dodeliner de la tête le plus coincé des balais.
L’intelligence de la plume de ces gars-là est à la mesure des lettrés contemporains, avec humilité et remise en question, les textes décrivent les désastres de notre époque, la perversion et les concessions, sans pour autant oublier la dose de rage qui habite les optimistes et les restructurations de bien-être.
"Désolé si j’plombe l’atmosphère, Si dans mes textes ya trop de colère, rester discret moi j’sais pas faire, remballez donc vos muselières, ya pas qu’ma tronche qui est hors la loi, ya ma grande gueule, ma mauvaise foi, qui vient parfois tout perturber comme un hors d’œuvre trop pimenté, qui vient décrire vos injustices, déguisé en feu d’artifice, on ferme les yeux pour mieux s’mentir" ("En désaccord").
Des paradis fiscaux, des cris de colère, des bigoudens, des ras-le-bol, des petits pas chassés, des élucubrations de soliloques, et des colères foudroyantes, des chœurs africains, des traces, de l’espoir, de la compassion des bonnes intentions, et des rêves.
En musique, ça donne des intonations de bitume sur des vagues à paillettes, un peu de rap, un peu de funk, des entourloupes de notes rythmées aux claviers scratchés. Haut les cœurs.
"Le savoir est une arme alors j’ai appris à écrire" ("J’débarque")