Un corps… celui d’une adolescente vêtue de noir ; des lèvres… pincées ; un regard… fuyant, voici comment Billie Lindahl qui se cache derrière Promise and the Monster s’est présentée à nous pour un moment en tout intimité au Centre Culturel Suédois.
Derrière cette description stricte, se dévoile davantage une jeune fille timide, mal à l’aise face à son public, qu’elle esquivera du regard pour se réfugier dans la sécurité de sa musique, des cordes de ses deux guitares et dans la technique de ses pédales d’effet.
Derrière cette relative fuite du public, il s’agit bien d’un voyage en Suède où nous sommes conviés avec pour guide la voix stupéfiante de Billie Lindahl.
La profondeur de celle-ci réconcilie l’homme et la nature contrastée de ce pays du Grand-Nord : du Sud, avec ses douces collines, ses forêts, ses plaines fertiles qui se dessinent de la musique faite d’accords de guitare simples, basiques ; au Nord où plus sa voix voluptueuse monte vers des mélodies hivernales, plus la couleur des teintes de ses chansons s’assombrissent non pas pour nous glacer à la vue d’un glacier mais bien pour nous faire découvrir la beauté d’une aurore boréale, où le soleil ne fuit pas derrière l’horizon obscurci mais nous éclabousse de luminosité plus que de désespoir.
La mélancolie qui se dégage de ses chansons flirte en permanence avec une certaine douceur accentuée par des tonalités fiévreuses et des harmonies vocales cotonneuses, voir liturgiques.
Nous errons donc dans des espaces mystérieux, parfois fantasmagoriques où sans aucune réticence, nous nous abandonnons avec sécurité dans ce folk baroque.
Le voyage se terminera par un décollage physique de Billie qui se lèvera et affrontera le public comme signe de gratification extrême de sa présence et de son écoute. Pudique, fragile, il n’y avait donc aucun monstre ce soir, mais bien que des promesses. |