The Walkabouts, ce sont un peu de vieux amis. Certes, je ne les connais pas et mes seules rencontres avec eux se résument à quelques "hello, nice to meet you" entre deux portes à la Boule Noire, pendant la première partie assurée par Labradford, ou à un magnifique concert avec un orchestre à corde au Café de la Danse pour la fête de la musique 1997 (et oui, c'était autre chose que Zaz à Denfert Rochereau - si tant est que ce fut le cas un jour).
Bref, The Walkabouts, on les suit depuis longtemps, au moins depuis le mémorable Satisfied Mind, album mythique de reprises, presque aussi légendaire que The Trinity Sessions des Cowboy Junkies et ce nouvel album est forcément une bonne surprise. D'autant meilleure que l'on pensait le groupe défait, occupé à d'autres activités comme par exemple L/O/N/G, groupe de Chris Eckman, depuis longtemps exilé en Autriche, accompagné dans ce projet par Ruppert Hubber, connu dans le milieu de l'électro allemande.
C'est presque une reformation donc que ce nouvel album, intitulé Travels in the Dustland, alors que le groupe a fêté il y a deux ans ses 25 ans d'existence. Et en 25 ans, si on doit reconnaitre une qualité à ce groupe, c'est bien d'avoir su évoluer sans pour autant céder aux sirènes de la facilité. C'est ainsi qu'à l'aube de 2012, ils se permettent encore de sortir un disque d'americana mélancolique et touchant, comme si rien ne s'était passé depuis Nighttown, Death Valley Days ou Devil's Road.
La voix de Carla Torgerson est toujours aussi belle que le sont ses yeux, celle de Chris Eckman en impose toujours autant et musicalement, on retrouve très vite nos marques, malgré un peu de poussière çà et là, mais qu'importe. Le frisson est peut-être un peu moins présent qu'auparavant. Il n'y a pas de "The Light will stay on" ou de "Follow me angel" pour secouer l'auditeur dès le départ. C'est un peu moins émouvant, un peu moins envoûtant musicalement (en tout cas dans l'immédiat) que ce dont l'on se souvenait du temps passé. Pas de duo avec Stuart Staple ou Mark Lanegan. Juste un album de musique américaine jouée par un groupe qui fait partie, sans doute, d'une certaine légende du genre, de la petite histoire de la country mais qui réussit toujours grâce à un talent tout particulier à toucher l'auditeur.
La meilleure preuve étant que l'envie et le plaisir de réécouter Satisfied Mind, Devil's Road ou Nighttown sont intacts des années après, fait plus rare qu'on le pense, tellement d'albums restant sur les étagères pour l'éternité, passées les premières semaines d'écoute. Et si ce Travels in the Dustland semble de prime abord un peu en dessous, c'est parce qu'il est sans doute nécessaire d'en apprécier plus que jamais les textes, sombres et poétiques tout au long de cet album aux airs de concept (puisqu'il y est, vous l'aurez compris, question de voyages). Une fois l'effet de "déjà entendu" passé, on retrouvera les émotions que ne manquent pas de procurer les chansons des Walkabouts, au même titre que les compositions des Tindersticks en offrant un parfait équilibre entre mélancolie, noirceur et beauté épique grâce à de pourtant simples arrangements de piano et guitares enrobant les voix toujours superbes de Carla et Chris.
Travels (au pluriel) in the Dustland porte parfaitement son nom et vous emmènera sur les traces de ces américains que l'on imagine forcément à cheval, laissant derrière eux de vastes nuages de poussières, laissant la place au mystère de ce qui se cache derrière et à notre imagination pour essayer de le percer à jour. C'est typiquement américain sans être cliché, c'est classe et c'est de la country ! Alors enfourcher sans plus attendre votre monture, et partez pour ce merveilleux voyage en compagnie des Walkabouts. La route sera encore longue en leur compagnie et on ne va pas s'en plaindre ! |