Stand-up de Manuel Pratt.
Entre la susceptibilité identitaire et le dogme du politiquement correct qui bordent le champ de l'humour contemporain, la marge de manœuvre est étroite pour les humoristes qui, pour ne pas mourir la bouche ouverte sur un cri muet, veulent aborder les sujets qui fâchent et rire de tout.
Manuel Pratt, qui a pour credo que "le silence des pantoufles est aussi terrible que le bruit des bottes", marche sur ce sentier étroit avec la souplesse d'un funambule et l'efficacité d'un bulldozer.
Bonimenteur nourri à la tchatche des gars du Sud, il sévit à Avignon qu’il dépeint comme une ville qui sait marcher au pas de l’oie, et humoriste affilié au rire bête et méchant à la Hara Kiri, il est monté à la capitale pour présenter le deuxième volume de son florilège intitulé "Le meilleur du pire II".
Acérée et sans concession, sa plume trempée dans l'encre de l'humour noir ne s'impose aucune limite et ne respecte aucun tabou et prend comme véhicule des personnages souvent bruts de décoffrage, parfois à peine caricaturés, saisis dans leur bêtise et/ou inhumanité ordinaire
Il poursuit son exploration de ses thèmes récurrents que sont notamment le racisme et l'intolérance, qui se manifestent aussi bien de manière patente qu'insidieuse et apparemment anodine, qui constituent le coeur de cible d'un stand-up survitaminé.
Au menu de ce deuxième volume, le discours du showman-candidat-président, le naturisme, la vogue du bio, le strip-tease en burka, les fantasmes masculins, le pharisianisme du catho JMJ, la blague génocidaire, et le poujadisme des médias au garde-à-vous.
Le rire, oui, mais un rire affreusement jaune au double effet kiss-cool garanti. |