Le Musée du Quai Branly présente avec "Bois sacré" la première exposition spécifique sur l’art des Toma, qui, au 16ème siècle, a instauré le système initiatique pratiqué par la majorité des populations établies dans les forêts guinéennes.
Conçue sous le commissariat de Aurélien Gaborit, responsable de collections Afrique au Musée du quai Branly et responsable scientifique du Pavillon des Sessions au Musée du Louvre, elle comporte une soixantaine de pièces provenant pour l'essentiel de la collection du Musée du Quai Branly.
Composée principalement de masques en bois, mais également des statuettes et des pierres sculptées, corrélées de photographies contextuelles, qui, par ailleurs, forment un ensemble stylistique homogène, elle propose une immersion dans des sociétés secrètes.
Masques, mystères et bouche cousue
Au 16ème siècle, après la disparition des grands empires africains, le peuple forestier des Toma établi entre la Guinée et le Libéria invente
sur un système initiatique nommé "Poro" dont dépend la hiérarchie sociale et qui constitue le socle de l'organisation politique, commerciale, judiciaire et militaire de la communauté.
Ce rite initiatique revêt une importance significative car il se retrouve décliné et customisé dans toutes les cultures des populations d’Afrique de l’Ouest et structure donc un vaste réseau intercommunautaire et interculturel.
Les masques du "Poro" sont présentés en fonction de leur typologie et de leur rôle et leur singularité, hors leur beauté formelle, tient à la stylisation qui va jusqu'à la schématisation et, surtout, à l'absence de bouche qui signifie l'exigence de secret attaché au rite.
La nature polysémique du masque a été également établie.
Support transactionnel de l'initié avec les esprits et matérialisation de son pouvoir, le masque destiné au culte public est également la manifestation visible des ancêtres.
Chose exceptionnelle, la présence de superbes masques féminins car cette pratique initiatique concernait également les femmes avec un processus de rituels spécifiques.
Autre particularité, certains masques comportent un revêtement qui ne semblait pas correspondre, ou du moins pas uniquement, à fins ornementales.
L'utilisation de l'imagerie à résonance magnétique a permis d'en déterminer la composition qui révèle différentes matières et substances dont l'amalgame constituait un pouvoir magique.
A côté des grands masques initiatiques, existent des masques miniatures.
A vocation protectrice mais également identitaire de la famille et de la fonction sociale, ces insignes-amulettes étaient portés par le détenteur qui portait sur lui ces insignes-amulettes mais de façon non ostentatoire. |