Monologue dramatique interprété par Robert Plagnol (en alternance Niels Adjiman) dans une mise en scène de Michel Dumoulin.
"Le bavard" résulte de l'adaptation d'un roman ontologique traitant du rapport entre l'écrivain et le lecteur autour de la fiction littéraire écrit par Louis-René des Forêts, écrivain "confidentiel" dont le nom est inconnu du grand public, en forme de variation théâtrale.
Michel Dumoulin a conçu un monologue atypique qui ne se rapporte ni à la verbalisation d'un flux de pensée ni à la logorrhée pathologique d'un psychotique mais constitue un monologue interactif d'un bavard qui indique être victime de crise de bavardage.
Ce bavard paradoxal, qui se décrit comme n'ayant strictement rien à dire et disant "mille choses", se présente comme un moulin à paroles en quête d'attention qui a besoin d'un auditoire ce qui pour lui n'est pas synonyme d'interlocuteur, à savoir qu'il n'attend de ce dernier ni assentiment ni réplique.
Face à cet auditoire disponible et passif qu'est le public de théâtre, son rêve, il se mue en conteur, et comme tous les conteurs, et les bavards, en menteur savant au sommet de son art(ifice), qui affabule pour raconter une des aventures dont il est le sujet, le héros et le narrateur.
Mais également, et donc, en comédien dès lors que cette représentation de la parole sur scène est synonyme de mensonge théâtral. A la mise en scène, Michel Dumoulin mise sur la sobriété, se délestant de tout artifice scénique, ce qui s'avère une autre manière d'installer l'illusion, pour ne conserver que l'habillage lumineux savamment créé par Geneviève Soubirou et quelques virgules musicales confiant en (et à) Robert Plagnol pour porter un texte qui sollicite l'art et le paradoxe du comédien.
Régulièrement présent dans des partitions en solitaire, Robert Pagnol maîtrise l'exercice et délivre de manière émérite et saisissante de "naturel" cette saisissante et originale composition sur l'appel des voix. |