Comédie dramatique adapaté du roman éponyme d’Éric Reinhardt, mise en scène Stéphanie Cléau, avec Mathieu Amalric et Anne-Laure Tondu.
"Le moral des ménages", spectacle de format court, une petite heure, résulte de l'entreprise conjointe du couple d'acteurs formé par Stéphanie Cléau et Mathieu Almaric , la première à l'adaptation et à la mise en scène, le second au jeu.
Elle consiste en la transposition théâtrale du roman éponyme de Eric Reinhardt sur le déterminisme social et l'aliénation de la classe moyenne, celle constitutive de la fameuse catégorie des "ménages" définie par les instituts de sondage.
Pour sa première mise en scène, Stéphanie Cléau puise dans l'arsenal convenu de la jeune création contemporaine avec micro, vidéo, musique invasive et plateau nu équipé de quelques sièges vintage seventies et du désormais incontournable vestiaire tubulaire en l'occurrence démultiplié pour dresser une garde robe aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Sur scène, un quadra réfractaire à la résilience, frustré, rageur et névrosé, ratiocine sur son enfance circonscrite au dîner familial, composé souvent d'un gratin de courgettes et d'une part de camembert pour le père, au cours duquel il était le témoin muet de la double humiliation de ce dernier, homme médiocre et faible qui se faisait exploiter au travail par des collègues sans scrupule et haranguer à domicile par une épouse incarnation du totalitarisme matriarcal.
Faute d'adhésion au modèle parental et fort de sa haine de la classe moyenne mesquine et matérialiste, il a voulu être artiste et s'est lancé dans la chanson. Mais sans talent ni succès, comme son père, il faillira également dans son rôle paternel puisque sa fille lui lance à la tête son BTS de commerce international et réclame du tangible, du réel, du vrai, bref le gratin de courgettes en invoquant la lucidité de sa grand-mère.
Ce rôle de anti-héros correspond à l'emploi au cinéma de Mathieu Amalric qui, bien que peu accoutumé aux planches, se sort bien de cette partition au demeurant monologale - la comédienne Anne-Laure Tondu, confinée à une profération conclusive, jouant essentiellement les utilités - en lui apportant une belle densité tragi-comique. |