Spectacle conçu d'après le texte de Ben Hecht et Marilyn Monroe, mise en scène de Benoït Nguyen Tat, avec Stéphanie Sphyras et Jando Graziani.
Un demi-siècle après sa mort, la figure de Marilyn ne cesse de fasciner les esprits et d'alimenter les imaginaires tant dans le public que chez les artistes.
Ainsi nombreuses, du biopic romancé ("Norma Jeane") à la fiction inspirée ("Sur-prise") en passant par l'immersion saisissante dans le moi intime ("Marilyn Monroe entretiens") sont les propositions théâtrales centrées sur la star hollywoodienne iconifiée et archétype de l'idole moderne.
Dans le cadre d'un ambitieux projet transmedia intitulé "Update Marilyn", Stéphanie Sphyras et Benoît Nguyen Tat proposent une relecture du "mythe Marilyn" pour lui "inventer une nouvelle vie en la faisant voyager dans le monde d’aujourd’hui" à travers une installation, un site web, deux webséries et une pièce de théâtre.
Pour cette dernière, ils ont opté pour la transposition scénique d'un matériau de première main, un texte autobiographique émanant de l'actrice qui, aidée du scénariste et écrivain Ben Hecht, avait entrepris en 1954 la rédaction de ses mémoires.
Publiées post-mortem sous le titre "Confession inachevée" et s'achevant l'année même où l'actrice, âgée de 28 ans, était plébiscitée par le public et épousait Joe Di Maggio en indiquant qu'elle se consacrerait à son mariage, elles constituent donc, avec ce que cela peut comporter d'altérations mnésiques voire de petits arrangements avec la vérité, le recueil de souvenirs de Norma Jeane Baker sur son enfance chaotique et douloureuse et de réflexions de Marilyn Monroe notamment sur l'envers du décor du glamour hollywoodien .
Les morceaux choisis sont intégrés dans leur forme narrative originale dans une partition qui résulte d'un conséquent travail conceptuel intégrant une scénographie plasticienne sur fond de "white cube" conçue par Sylvie Lardet mettant en résonance les photos du célèbre photographe Milton Greene, proche et photographe attitré de l'actrice, et les clichés de scènes de rue du photographe-reporter Pierre Alivon et la mise en musique hybridant acoustique et électronique de Daniel Yvinek.
La mise en scène de Benoît Nguyen Tat ressortit, nonobstant la présence de Jando Graziani qui, dans de brefs, et bienvenus, intermèdes dialogués, campe plusieurs des personnes qui ont traversé la vie de Marilyn Monroe, à la lecture mise en espace d'autant que, avec un ton à la note unique maîtrisé et en adresse directe au public, Stéphane Sphyras officie de manière autodiégétique, donnant voix aux mots de Marilyn hors de toute personnification, imitation ou incarnation.
Paradoxalement, le texte, qui est le plus proche des affects de la femme et de "sa" réalité, manque, peut-être en raison du lissage opéré par Ben Hecht, écueil de toute reécriture par un tiers, et/ou de la traduction, du relief dramaturgique pour franchir l'épreuve de l'oralisation scénique et susciter, sinon l'émotion, ce qui n'est le but de cette proposition, du moins l'empathie.
Ce qui ne remet en cause ni la qualité de la prestation délivrée par les deux comédiens ni l'originalité du projet. |