Comédie dramatique de Ivan Viripaev, mise en scène de Galin Stoev, avec Raphaël Bedrossian, Flora Bourne-Chastel, Elsa Canovas, Jean-Baptiste Florens, Sarah Glond, Lou Granarolo, Valentine Lauzat, Nelly Lawson, Marilou Malo, Pauline Masse, Clovis Mouche, Jérémy Petit, Aurélien Pinheiro et Willie Schwartz.
Par leur conception et leur aboutissement, certains spectacles de fin de promotion des écoles nationales de théâtre vont au-delà de l'éphéméréité. de la clôture d'un cursus et de la présentation formelle des élèves.
Tel est le cas de celui de la promotion 2013 de l’Ecole supérieure d’art dramatique de Paris, "Illusions", une partition du dramaturge russe IIvan Viripaev mise en scène par le metteur en scène bulgare Galin Stoev qui la qualifie de "mélange détonnant entre la philosophie orientale et le soap opera à l’américaine" et dont l'écriture s'avère en rupture avec la dramaturgie théâtrale classique dès lors qu'elle est dépourvue de situation et de caractères comme d'intrigue et de dialogues.
En effet, elle se compose d'une succession de récits qui, de surcroît, s'affranchissent de toute linéarité narrative, sur la thématique de l'illusion, celle résultant du fantasme ou refoulement, et du mensonge décliné à partir de l'histoire croisée de deux couples amis dont la longévité conjugale est exceptionnelle puisque dépassant le demi siècle, et ordonné autour de deux sentences : "Le vrai amour est réciproque" et "Il doit pourtant bien y avoir quand même un minimum de constance, dans ce cosmos changeant".
Et ils constituent autant de variations ressortant à la ronde schnitzlérienne que Galin Stoev analyse comme les différentes combinaisons d'un "jeu d’échec où la stratégie des personnages se mêle constamment à leurs émotions irrationnelles" et met en scène de manière virevoltante en faisant la part belle à l'humour, au décalage et au jeu de l'acteur. Car si la vie est une illusion, c'est donc du théâtre.
Sur un plateau vide, ponctuellement et sommairement accessoirisé, et avec des intermèdes de chansons vintage de "Blue Velvet" à l'inoxydable "Bang Bang" ainsi qu'une hilarante customisation de "Thank you for your love" de Antony and The Johnsons, les comédiens interprètent les récits sous toutes les formations possibles et, en solo, ne cèdent pas à la tentation et à la facilité du numéro d'acteur.
La choralité du spectacle et son inventivité formelle associée à la fraîcheur de ces jeunes pousses désormais de plain-pied dans le métier emportent la légitime et unanime adhésion du public. et méritent les chaleureux applaudissements du public.
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