Comédie de Ray Cooney, mise en scène de José Paul, avec Pierre Cassignard, Lysiane Meis, Sébastien Castro, Guilhem Pellegrin, Pascale Louange, Guillaume Clérice, Rudy Milstein et Anne-Sophie Germanaz.
"C'est encore mieux l'après-midi" est une pure comédie de boulevard, mieux une farce à l'anglaise, concoctée par le maître du genre d'outre-Manche Ray Cooney sur le mode du feydeaulien adultère hôtelier.
Un député de province "chaud lapin" en résidence parisienne avec une épouse à la cuisse légère entend joindre l'utile à l'agréable sur place, dans le même très sélect et bien-nommé hôtel "L'Hémicycle", en remplaçant la séance à l'assemblée par une pause coquine avec sa maîtresse.
Mais la (mauvaise) idée d'en confier la logistique à son assistant gaffeur, impressionnable et étourdi qui s'emberlificote les pinceaux et la fatalité de deux chambres contigües transforment la promesse de batifolage en un maelstromique chassé-croisé.
Pour la mise en scène, avec une distribution légèrement réduite et un format resserré, de ce "blockbuster" qui avait fait salle comble à sa création en France, et dont, après trois décennies, l'adaptation de Jean Poiret, qui a instillé toute la grivoiserie à la française dans les répliques originales au british double sens, n'a pas pris une ride, José Paul joue donc à fond la carte du boulevard.
En effet, conçue comme un extraordinaire machine à rire, la partition ne s'encombre ni d'affects ni de psychologisme et ne prétend pas à la comédie de moeurs mais uniquement au divertissement.
Dans un décor de style Art déco dont les lignes géométriques et le chromatisme gris est revisité par Jean-Michel Adam avec des banquettes aux courbes douces et des couleurs tendance framboise et bouton d'or, mensonges et quiproquos s'empilent avec frénésie dans un festival de portes, pas moins de six, qui claquent, au rythme effréné et millimétré d'une cavalcade allegro vivace chorégraphiée de manière millimétrée à donner le tournis.
Entouré de Guilhem Pellegrin, directeur dont la diplomatie est mise à rude épreuve, Anne-Sophie Germanaz, la femme de chambre blasée, Rudy Milstein, désopilant en garçon d'étage pas futé mais malin, Pascale Louagne et Guillaume Clérice, la maîtresse et son benêt de mari, sévit un trio infernal aguerri au jeu comique qui pousse au maximum le surjeu sans toutefois verser dans le numéro d'acteur.
Excellents dans ce registre, Pierre Cassignard, épatant en ridicule coq empanaché léopard, Lysiane Meis, piquante façon "Betty Boop poupoupidou" en nuisette rose, et Sébastien Castro, virtuose de l'humour à froid qui passe du flegme à la "Droopy" à la frénésie de "Speedy Gonzales", font merveille et impriment rythme d'enfer et rires garantis à ce réjouissant vaudeville contemporain. Que demander de plus... "au théâtre ce soir" ? |