Monologue dramatique d'après le livre éponyme de John Berger et Jean Mohr interprété par Nicolas Bouchaud dans une mise en scène de Eric Didry.
A partir d'une adaptation libre de textes non destinés à la scène effectuée avec collaboration artistique de Véronique Timsit et le metteur en scène Eric Didry, le comédien Nicolas Bouchaud a initié une série de seuls en scène aussi atypiques que passionnants ordonnés autour du thème récurrent de la présence au monde avec en fil rouge sous-jacent sa réflexion sur la fonction de l'acteur.
Il en résulte une trilogie commencée par "La loi du marcheur" d’après les derniers entretiens filmés du critique de cinéma Serge Daney et close par "Le Méridien" inspiré par un discours du poète Paul Celan encadrant "Un métier idéal".
Ce dernier puise sa matière introductive dans un récit de John Berger et Jean Mohr qui, sous le titre original "A Fortunate Man. In an essay about Sassall", relate l'activité de John Sassall, médecin de campagne dans l'Angleterre à la fin des années 1960 face à ses idéaux et ses doutes dans l'exercice de sa profession et son rapport à l'autre.
La partition s'avère de conception complexe, car s'y greffent digressions et divagations qui paraissent faussement "hors champ", à la finalité ambitieuse - "construire une pensée vivante" - qui relève, selon l'indication de Nicolas Bouchaud dans sa note d'intention, "de l’essai, du documentaire, du portrait, du roman d'apprentissage, du pamphlet - sous la forme d’une imprécation calme - ou du carnet de route".
De fait, dispensé de manière interactive, il s'apparente à la causerie dispensée avec l'art consommé du conteur et de l'acteur, genre dans lequel excelle Nicolas Bouchaud, un des rares comédiens de sa génération avec Laurent Sauvage qui donne l'illusion de l'instantanéité de la parole qui s'énonce.
Et, à la manière d'un inventaire prévertien, il y a dans ce spectacle, et entre autres, des récits, des inserts autobiographiques, des tours de magie et une consultation inédite.
Devant un agrandissement géant d'une photographie en noir et blanc de Jean Mohr illustrant le livre précité représentant une maison dans une vallée boisée, scénographie signée Elise Capdenat qui évoque la toile peinte du théâtre de tréteaux, Nicolas Bouchaud procède avec la verve du baladin pour inviter le spectateur à le suivre sur "le questionnement infini, vertigineux sur la nature humaine".
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