Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Rolf Kasteleiner
Interview  (Paris)  8 février 2007

Sa passion pour le théâtre et le cinéma a conduit Rolf Kasteleiner, metteur en scène et réalisateur, à travailler sur un nouveau concept, le télé théâtre, qui permettrait de combiner les deux arts.

C’est dans le cadre de cette recherche qu’il expérimente actuellement, en simultané à Paris et à Toulouse, la dernière création de sa Compagnie "La parole aux mains", sur la pièce de Martin Heckmanns "Invocation".

Nous l’avons rencontré pour évoquer avec lui ce spectacle à la croisée de la performance, du théâtre et de la création d’une œuvre d’art spécifique qui suscite autant de réflexions sur cet axe de recherche que sur le comportement du spectateur.

Pouvez-vous nous situer ce spectacle dans le cadre de votre travail ?

Rolf Kasteleiner : J’ai commencé par le théâtre mais en même temps j’ai poursuivi des études en cinéma. Mon but est de travailler et d'expérimenter les combinaisons possibles de ces deux disciplines. Mon premier projet a vu le jour il y 5 ans en résidence en France avec Emmanuel Laborit pour l’adaptation de "En attendant Godot" de Beckett en langue des signes. Nous avons joué ce spectacle à Berlin en 2005 puis au Festival Becket à Florence en 2006, année où j’ai créé la Compagnie La parole aux mains qui est une compagnie franco-allemande implantée à la fois à Berlin et à Paris.

"Invocations" est donc notre second projet et son but était de présenter un auteur, Martin Heckmanns qui est maintenant connu en Allemagne où il travaille régulièrement pour le Deutsche Theater de Berlin et de créer ce texte ici en France. Mais ce spectacle est monté selon le concept de télé théâtre. Nous avons déjà présenté une maquette en décembre 2006 qui s'est déroulée entre Paris et Berlin avec des comédiens qui sont totalement bilingues et ce dans les deux langues. Cette première s'est bien passé nonobstant quelques problèmes techniques liées à la connexion internet.

Ce spectacle est précédé d'un très long travail de préparation et de mise en place avant la représentation. De même pour le travail avec les comédiens qui nécéssite suivant le lieu d'être repris pour trouver le contact et également de revoir parfois la mise en scène car nous sommes totalement dans le visuel. Les comédiens se battent avec l'image sur scène.

Le spectacle est également tributaire de la technique en cours de représentation.

Rolf Kasteleiner : Oui, tout à fait. Et nous intégrons ce paramètre dans le jeu. Les comédiens sont préparés à toutes les éventualités. Une phrase important dans ce spectacle est : "Ne coupez pas !". J'aime aussi cela qui est parallèle au texte, la mise en danger des comédiens. Malgré cette préparation ce n'est pas facile pour les comédiens car on ne se situe pas dans le jeu dramatique, on se situe davantage dans le jeu du film. Cela implique et impose aux comédiens un autre jeu que celui dans une dramaturgie classique.

L'auteur du texte avait-il prévu ce type de représentation ?

Rolf Kasteleiner : Non pas du tout. C'est une création personnelle dont il est bien sûr informé. Il connaît mon travail et est tout à fait satisfait.

"Invocations" relève à la fois de la performance et de la représentation théâtrale. La présence de l'image, des comédiens filmés, entraîne une certaine déstabilisation du spectateur. Il y a le comédien sur scène, son image dans la webcam telle qu'elle est transmise aux autres comédiens situés dans un autre lieu et le comédien sur l'écran placé en fond de scène. Quel est pour vous l'intérêt d'y inclure l'image ?

Rolf Kasteleiner : Ce texte parle de communication et des problèmes de communication. Il fallait trouver un système pour que les comédiens puisent se confronter à ces problèmes. De plus cette structure change à chaque fois selon les lieux. Ici à Paris c'était sur une scène et à Toulouse dans une galerie. A Paris, l'image est peut être trop proche du public et qui fait que l'image devient plus forte que le comédien.

Ce qui n'est pas forcément dans l'ordre des choses. L'image a la prééminence sur l'humain.

Rolf Kasteleiner : Oui mais cela est une constante. Quand il y a un comédien sur scène et un gros plan filmé ce dernier prévaut. La projection directe derrière le comédien est peut être à revoir. Mieux vaut des projections sur les côtés.

Vous êtes donc en cours d'expérimentation ?

Rolf Kasteleiner : Oui.

Ce qui est très intéressant c'est cette réaction justement du spectateur qui préfère l'image à l'humain et cela conforte le propos du texte et de votre travail qui est que le spectateur se situe dans un monde où on ne communique plus par le réel mais par l’image.

Rolf Kasteleiner : Oui. Cela correspond au développement des chat rooms mais dans lesquels il n'y pas encore des images. Dans 10 ans peut être on choisira notre relation humaine par les images. D'où ma réflexion sur la forme de communication de l'avenir.

N'est-ce pas un signe précurseur de la disparition du théâtre, de la représentation, du moins sous la forme du spectacle vivant tel qu'on le connaît actuellement?

Rolf Kasteleiner : Je ne sais pas. J’ai travaillé en résidence chez Robert Wilson et puis comme assistant de Thomas Ostermeier dont le travail s’éloigne du théâtre sous l’acception classique du terme. Le terme "représentation" me gêne un peu. Il s’agit plutôt d’un lieu pour expérimenter d’autres formes d'art vivant plus que de théâtre au sens strict du terme. Les comédiens n'interviennent pas dans le jeu dramatique mais dans la performance même si ce terme n'a pas de définition précise et recouvre beaucoup de réalités différentes.

Le terme télé théâtre me paraît mieux adapté car on est dans le théâtre mais dans la concentration qui est plus proche à l'acteur et quelquefois trop proche. Par exemple quand j'ai travaillé sur la langue des sourds c'est une langue très directe, dure à comprendre mais avec le temps on peut constater qu'il existe d'autres manières de communiquer que la parole. Il y a tout un domaine de réflexion sur le changement induit par internet. Cela reste du théâtre non un théâtre de représentation mais un théâtre d'exploration sur la manière de vivre au futur, peut être de mieux vivre avec les moyens technologiques modernes.

La langue des signes n'est elle pas plus simple dans la mesure où elle me semble aller à l'essentiel du message sans s'encombrer des enluminures de la parole ? On en a eu un exemple lors du spectacle avec ce logiciel qui doit traduire un signe en mot.

Rolf Kasteleiner : Peut être. Ce logiciel représente un énorme travail pour pouvoir analyser le mouvement. Nous en sommes aux prémisses. Cela étant même pour le signe j'ai besoin l'expression du visage et le mouvement peut changer le sens du signe. Les trois font que nous sommes déjà dans une forme de jeu et cela est intéressant. Je suis actuellement également en phase de recherche d'autres formes de signes. Le télé théâtre c'est aussi l'image et la dramaturgie du corps des acteurs.

La programmation actuelle à l'Atelier du Plateau est très courte. Quelles sont les suites prévues pour ce spectacle ?

Rolf Kasteleiner : Nous allons jouer en Allemagne entre Hambourg et Berlin et puis à Kassel pour la Dokumenta en juin 2006. Il y a également des perspectives avec l'Institut Goethe et puis nous irons peut être au Festival d’Avignon.

Etes-vous impliqué dans d'autres projets ?

Rolf Kasteleiner : Nous avons également un projet entre Budapest et Berlin pour septembre 2007 qui est une nouvelle version de "Médée" de Heiner Muller dans lequel il y aura un chœur de sourds.

Vous êtes allemand et vous travaillez aussi bien en France qu'en Allemagne. Quelles différences constatez-vous entre les deux en ce qui concerne l'accueil et la réaction que suscite votre travail ?

Rolf Kasteleiner : En France, le théâtre reste très un théâtre très "littéraire" très attaché au texte et la traduction des textes étrangers est souvent envisagée de manière trop sérieuse. En Allemagne, l'approche est différente elle est plus, je ne dirai pas corporelle, mais plastique. Mais le public est plus sensible ici en France. Je suis actuellement en pleine réflexion sur comment comprendre le texte et avec ceux qui ne sont pas présents.

Dernière question : filmez-vous la représentation ?

Rolf Kasteleiner : Oui, bien sûr. Sur le site de notre compagnie nous avons des extraits du spectacle précédent qui sont montrés sur un écran partagé en quatre. Et cela devient un autre objet d'art.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique du spectacle "Invocation"

En savoir plus :

Le site officiel de la Compagnie La parole aux mains


MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 05 mai 2024 : Profitons des ponts pour lire, écouter, visiter, applaudir...

De pont en pont, voilà du temps libre à utiliser pour se faire plaisir avec de la musique, des livres ou des spectacles.
Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

nouvel épisode du Morceau Caché intitulé "Session de rattrapage 6"
"Le souffle de l'Hybris" de AA & Les Oneiroi
"Murmuration" de Darius
"Creatures lies" de Isolation
"On ne sait jamais" de Jéhan
"Newcastle" de Prudence Hgl
"Colliding spaces" de The Everminds
quelques clips : Comédie Noire, Hermetic Delight, Gogojuice, Cosmopaark, l'Ambulancier, No Money Kids
et toujours :
"Edgar is dead" de Edgar
rencontre avec Johnny Carwash qui était en concert avec TV Sundaze à Saint Etienne
"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
"Sublimer" de Marine Thibault
"For once" de Mélys
"Tu sauras pas quoi faire de moi" de Olivier Marois
"Boomerang" de The Darts

Au théâtre :

les nouveautés :
"Un mari idéal" au Théâtre Clavel
"Chère insaisissable" au Théâtre Le Lucernaire
"La loi du marcheur" au Théâtre de la Bastille
"Le jeu des ombres" au Théâtre des Bouffes du Nord

et toujours :
"Capharnaüm, poème théâtral" au Théâtre de la Cité Internationale
"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"L'esprit Coubertin" de Jérémie Sein
et toujours :
"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Après minuit" de Gillian McAllister

"C'était mon chef" de Christa Schroeder
"L'embrasement" de Michel Goya
"Nouvelle histoire d'Athènes" de Nicolas Simon

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=