Spectacle d'après le conte de Jon Fosse, mise en scène de Bérangère Vantusso avec Anne Dupagne, Guillaume Giolliet et Philippe Rodriguez-Jorda.
Jon Fosse, dramaturge norvégien, dont l’écriture s'inscrit dans le théâtre métaphysique sur l’angoisse existentielle, s’est d’abord imposé en littérature par des récits pour enfants dont "Kant".
"Kant" aborde la peur et l’angoisse que peuvent susciter, chez le jeune enfant, à l'heure du coucher, devant ce grand vide noir qu'est le monde du sommeil, les questions relatives à l’univers, le néant, la différence entre le rêve et la réalité et la difficulté de conceptualiser certains postulats rationnels.
Tout ce préambule pour préciser que, même s’il y évoque Mickey, la prose de Jon Fosse est sans commune mesure avec l’écriture classique du conte pour enfants et relève du conte philosophique avec ce que cela implique d'intellectualisé.
Proposé dans le cadre de la 4ème Biennale Internationale des Arts de la Marionnette qui se tient à Paris, le spectacle conçu et mise en scène par Bérangère Vantusso, n’est pas un spectacle de marionnette pur mais un remarquable travail mêlant jeu théâtral, compositions sonores et visuelles, marionnette et ombres chinoises, qui est toutefois, semble-t-il, à travers le regard du spectateur adulte, d'une conception exigeante pour le très jeune public.
En effet, ce spectacle s'éloigne de la simple représentation pour s'approcher d'un théâtre de distanciation avec un dialogue narratif dans lequel les comédiens jouent tour à tour notamment le conteur, l’enfant, le père de l’enfant et une vraie recherche esthétique.
Par ailleurs, même si le personnage principal de l'enfant est une marionnette, il s'agit d'une marionnette singulière, très réaliste, en taille réelle, élaborée selon les canons de la perfection figurative chère à Ron Mueck. Certes, cela laisse libre cours à la fiction personnelle du spectateur mais instaure un sentiment de malaise, au demeurant souhaité, et réussi, par Bérangère Vantusso pour susciter l'interrogation sur le vivant, dès lors que l’enfant est montré sous forme d’un pantin désarticulé, qui rappelle l'enfant réel grabataire, manipulé à vue par les officiants.
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