Charmant programme que cette combinaison de deux artistes complémentaires.
L’une pour sa grâce, et l’autre pour puissance.
Commençons par Laetitia Sheriff, qui débarque
seule sur scène dans un premier temps.
Munie de sa guitare, puis d’une basse (étonnant morceau que cette
chanson sur fond de basse), Laetitia Sheriff nous propose des chansons étonnantes,
qui ne rentrent pas dans le cadre classique. Avec ses chansons ici intimistes,
là rocailleuses avec une voix ressemblant à Fiona Apple
ou P.J.Harvey pour la tessiture, Laetitia Sheriff constitue une excellent
première partie, car elle n’est ni un clone d’Elysian
Fields, ni son contraire.
L’entrée en jeu de deux musiciens "sentant bon la crêpe"
(les bretons Olivier Mellano à la guitare et Gaël
Desbois aux percussions) amène une ambiance différente,
plus dense. Mais encore point d’accompagnement simpliste de la voix. Le
guitariste nous surprend en se lançant dans des expérimentations
sonores.
Le titre le plus marquant de cette prestation est incontestablement "Rose",
où des paroles poétiques sont chantées avec cette voix
franche et sévère, mais qui sait se montrer douce et limpide.
Laetitia Sheriff est de celles, dans le paysage des chanteuses françaises,
dont il faut suivre de près l’actualité.
Cette fille possède à coup sur la trempe d’une Lisa
Germano, ou d’une Elleni Mendel.
Puis arrive le groupe qui a produit un des albums les plus touchants de l’année
(Dreams that breathe your name, et le titre est évocateur).
Le combo se compose, en plus de Jennifer Charles (la chanteuse)
et de Oren (compositeur, guitare et cithare), d’une basse,
d’une batterie et d’un piano/synthé.
Alternant morceaux des deux premiers albums et morceaux du dernier, les new-yorkais
livrent un concert en apesanteur, la voix de coton de la queen of the meadow
(du nom du deuxième album) posant délicatement ses tonalités
d’une pop virant au blues traditionnel.
New-yorkais… cet adjectif a son importance, on s’imagine aisément
assis dans un cabaret de Manhattan. Capricieuse, la chanteuse daigne revenir
pour un double rappel exceptionnel, où les guitares psychédéliques
rajoutent aux chansons une densité très prenante, et ressentie
dans la salle. On retrouve dans le travail du duo la même énergie
sensuelle que celle dégagée par Beth Gibbons et Paul Webb
pour "Out of seasons" .
Sorte de Norah Jones non médiatisée, Elysian
Fields convainc par sa sincérité, car il ne s’agit
pas ici de s’enfermer dans un style pour le style, mais bien d’exprimer
à travers la chanson la mélancolie, appelée par certains
le paradoxe new-yorkais. D’ailleurs, Elysian Fields est un des invités
de la soirée "New-York City Sounds" organisée à
L’Aéronef (Lille) dans le cadre de Lille 2004 capitale européenne
de la Culture –soirée programmée par Mary-Noelle Dana, ex-programmatrice
de la Knitting Factory). |