La
gainsbourgmania est en marche. L'homme à la tête
de chou s'est éteint en 1991 mais Gainsbarre a la peau
dure. Peintre, écrivain, poète, auteur, compositeur,
interprète, acteur et réalisateur, Serge Gainsbourg
a laissé derrière lui une oeuvre prolifique qui
a couvert pas moins que la seconde moitié du 20ème
siècle.
De quoi alimenter à foison cette exposition rétrospective
présentée par la Cité
de la Musique.
Gainsbourg était passé maître dans l'art
de pratiquer le syncrétisme musical à partir d'une
grande culture doublée d'une inspiration visionnaire
et dans lequel il ancrait son propre univers fantasmatique et
ses obsessions.
Aussi, à l'instar de cette oeuvre protéiforme,
"Gainsbourg 2008",
conçue par le designer sonore Frédérc
Sanchez, davantage qu'un parcours didactique et réflexif,
revêt le caractère d'un espace kaléidoscopique
et sensoriel d'immersion dans l'héritage artistique laissé
par Gainsbourg.
A
l'image de l'affiche, un portrait réalisé par
Stefan De Jaeger à partir de collage de polaroïds,
les architectes scénographes de la Cité de la
Musique, Lionel Guyon et Olivia
Berthon, ont élaboré une scénographie
placée sous le signe de la déflagration visuelle
et de la déferlante sonore.
Dans une atmosphère de pénombre, le noir cher
à la demeure de la rue de Verneuil, une longue vitrine,
recelant objets et documents autographes, réfléchit,
sur fond de miroirs, de grandes bornes multimédia sous
forme de "poteaux-totems".
Images,
photos et vidéos, extraits de chansons et de documents
sonores, dont de nombreux inédits, sont diffusés
à l'envi, jusqu'au télescopage et à la
saturation, pour scander un parcours labyrinthique et chronologique.
Le dandy de la rive droite qui traîné son spleen
dans les pianos bar devient le classieux des idoles yéyé
avant de déclarer érotique l'année 69 et
devenir Gainsbarre le sulfureux.
L'exposition met notamment en exergue les incursions de Gainsbourg
dans le 7ème art et ses accointances musicales avec l'undergound
newyorkais. Mais la musique reste omniprésente dans son
itinéraire unique dans le monde de la chanson française.
Un itinéraire jalonné d'interprètes éblouissantes,
car quasiment essentiellement des femmes, d'un homme à
femmes, souvent des actrices, des blondes sex-symbol et des
brunes femmes-enfant, qu'il fait chanter en leur écrivant
des bijoux sur mesure qui subliment ses fantasmes et ses obsessions.
Dans
une seconde salle, beaucoup plus calme et en pleins feux, l'abondante
discographie de Serge Gainsbourg envahit un mour entier recouvert
de pochettes de 45tours.
Une bienvenue installation multimédia, consultable à
partir d'ordinateurs en libre accès, permet l'écoute
intégrale de nombreux morceaux dont des covers particulièrement
étonnantes et souvent totalement méconnues.
Enfin, les passionnés pourront approfondir individuellement
leur visite à la Médiathèque qui propose
biographie, enregistrement vidéos de concerts et enregistrements
d'extraits musicaux.
Serge Gainsbourg aurait eu 80 ans en 2008. |