Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Projet SI...
Interview  (Saint-Etienne)  6 janvier 2009

Entre théâtre, danse et rock, Projet SI voyage entre plusieurs univers, et nous entraine avec lui dans son périple. Un projet qui se conjugue sans peine au pluriel. Projet(s) dont nous parlent les deux membres du groupe, Simon Chomel et Laurent Abrial.

Pouvez-vous résumer la genèse de Projet S.I… ? Qui êtes-vous ? Pourquoi Projet S.I… est né et comment ?

Simon Chomel : C'est un projet que j'ai monté tout seul au départ, tout seul mais avec l'idée et l'envie d'un vrai projet collectif, avec l'envie d'impliquer du monde un peu dans toutes les disciplines – cela reste encore limité. J'ai retrouvé Laurent avec qui on a joué depuis que l'on était gamin. Il y a eu quelques années où l'on était sur des projets différents l'un et l'autre. On s'est retrouvé là-dessus avec Magali Cousty, une rencontre que l'on avait fait, une batteuse entre autres.

Laurent Abrial : Une batteuse multi instrumentiste

Simon Chomel : On a commencé à bosser sérieusement sur ce projet à trois.

Laurent Abrial : La première chance que l'on ait eu, c'est le tremplin Paroles & Musiques en 2005, où l'on a joué à trois pour la première fois. A l'époque, Magali était à la batterie, on utilisait déjà les pédales…

Simon Chomel : Les platines... On avait beaucoup de bordel. Sur les trois dernières années, on a bossé à épurer parce que c'était trop compliqué, on avait un côté super expé.

Laurent Abrial : Oui, on a passé deux ans à vachement expérimenter : on avait une platine, des samplers, deux-trois claviers…

Simon Chomel : Batterie, deux guitares.

Laurent Abrial : On a fait très peu de dates aussi, on en a fait 3-4 sous cette forme là.

Simon Chomel : On était aussi dans un trip super minimaliste qui fait que l'on s'interdisait aussi pas mal de choses musicalement. C'était assez froid vu que la plupart des textes ne sont déjà pas super rigolo. On était dans une ambiance très aride.

Tu parles de minimalisme et toi d'une foultitude d'instruments sur scène…

Simon Chomel : C'est ça, oui. Souvent tu pouvais une partie de platines, trois merdes et après hop, ça passait à autre chose. Beaucoup de bordel…

Laurent Abrial : On ne regrette pas d'être passés par cette période parce que l'on a expérimenté plein de choses, ce qui fait que l'on est arrivé à cet album à la fin.

Simon Chomel : Au niveau des couleurs aussi, on ne voulait pas se fermer de portes. Le principe était de laisser ouvert et de ne pas chercher le style.

Laurent Abrial : Du coup, avant l'enregistrement de l'album, on est revenu à des choses plus harmoniques, mélodiques. C'est dans ce sens là que c'était minimaliste. Cela a fait ce mélange de deux périodes : une période très expérimentale et un retour à des instruments, des mélodies.

Simon Chomel : C'est vrai qu'au bout d'un moment, on avait envie de jouer des instruments parce que l'on s'était vraiment enfermé dans des trucs très bidouilles. Je pense que cela nous manquait.

L'album s'est fait à trois après toutes ces expérimentations, avec des chansons qui ont été créées pendant ces trois années ?

Simon Chomel : La plupart, oui.

Laurent Abrial : Il y a eu plusieurs périodes de création aussi. Tous les morceaux n'ont pas été créés à la même période.

Simon Chomel : Au niveau du texte, j'écris super lentement. Il y avait des choses qui étaient plus vieilles et des choses qui ont été écrites pendant cette période là. Je n'ai vraiment pas une période énorme, c'est quelque chose qui reste compliqué. D'ailleurs, il y en a beaucoup que l'on a revisité trois ou quatre fois aussi.

Avant l'album ?

Simon Chomel : Oui et depuis aussi ! (rires)

C'est l'éternel problème de se dire que le morceau est arrêté à tel moment ?

Laurent Abrial : L'album était là pour poser quelque chose, le résultat d'une période de travail. Magali est partie, on était plus que deux donc pour la scène, on a forcément été obligé encore de revisiter pour que cela fonctionne à deux.

Simon Chomel : Pour que ça reste un peu vivant et pour limiter le nombre de séquences et de samples.

Laurent Abrial : On avait aussi envie de jouer, d'avoir des instruments.

Le groupe est arrêté à cette forme de deux personnes ?

Simon Chomel : C'est une étape, on s'est dit que l'on allait essayer de tourner un peu et poser l'album à deux. A termes, on travaillera peut-être avec d'autres gens pour se laisser aussi d'autres ouvertures.

Laurent Abrial : Pour la scène en tout cas, on a plus en plus envie de se passer de l'ordinateur. Pour la session – c'est ça qui est intéressant – on a zappé les samples. C'est vrai que l'ordinateur est intéressant pour toutes les couleurs que tu peux emmener mais les samples…

Simon Chomel : Même au niveau de l'énergie, cela freine vachement.

Laurent Abrial : Du coup, on a plus envie de revenir à une vie de groupe.

Simon Chomel : Par contre, l'intérêt à deux, c'est que l'on est super efficace, on peut bosser souvent.

Laurent Abrial : C4est le noyau dur et après, pourquoi ne pas intégrer sur une période des guests ou faire une année avec un batteur…

Simon Chomel : On va essayer des formules.

Simon, tu parlais de ta lenteur à écrire les textes. Et la musique, comment cela se passe ? C'est collégial ou il n'y a que toi ?

Simon Chomel : On travaille tous les deux.

Laurent Abrial : Justement, c'est ça qui est bien d'être tous les deux parce que l'on se connaît super bien, on fait de la musique ensemble. En général, on trace bien.

Simon Chomel : On part des textes systématiquement, toujours dans ce sens là. A partir de là, on commencer à bosser sur des ambiances, on essaie des choses.

Quand tu écris les textes, tu te refuses à te dire que ce texte va coller avec telle mélodie que j'ai en tête ? C'est toujours ouvert ?

Simon Chomel : Oui, dans la mesure où ce n'est pas chanté.

Laurent Abrial : Maintenant, mais tu as eu des moments où tu posais même une petite guitare.

Simon Chomel : Juste une base de travail.

Tu dis que ce n'est pas chanté mais chaque mot est exactement à la place qu'il faut pour que la phrase ait un équilibre musical parfait. Il y a quand même une fluidité des textes, la diction n'est pas neutre. Ca, tu l'as déjà en tête ?

Simon Chomel : Sans y réfléchir oui parce que c'est tellement lié au contenu que du coup, les choses se placent un peu d'elles-mêmes. Après, il y a des choses à affiner, on va bosser un peu sur l'interprétation.

Laurent Abrial : Par ton parcours – Simon a été comédien et a fait un peu de théâtre, tu as une réflexion au niveau de la diction.

Simon Chomel : Oui. Il y a des choses que j'ai vraiment envie de défendre et de poser les choses le plus précisément possible pour ne pas passer à côté.

Laurent Abrial : On ne va pas faire du slam, on ne veut pas théâtraliser le truc, c'est toujours difficile de trouver la bonne interprétation qui ne va pas aller trop loin. En même temps, il faut quand même donner aussi.

Pour toi, Simon, c'est plus une diction de comédien ou alors tu te considères plus comme un chanteur ?

Simon Chomel : Je suis musicien, chanteur… oui. Cela reste une approche vraiment musicale, ce n'est pas un truc réfléchi que je travaille. Les découpages se font vraiment par rapport au sens, finalement ce que j'ai envie de faire passer. Il n'y a pas un travail de mise à plat. Cela reste sur quelque chose de très instinctif.

Après avoir joué tout ça à deux, est-ce que derrière il y a une idée, comme vous le faites déjà avec la compagnie de théâtre, de mettre plus en scène les textes ?

Simon Chomel : Pour la suite, les envies que j'ai vont plus vers la danse que le théâtre. Parce que l'on bosse déjà avec une compagnie de danse, parce que je m'y suis mis aussi et que j'ai envie que l'on trouve encore les moyens de prolonger un peu ce que l'on fait déjà avec Gradiva entre musique et danse.

Laurent Abrial : On a prévu de faire des résidences et de travailler en lumière parce que l'on n'a jamais travaillé ça pour le moment. Vu que c'est parlé, il y a quand même ce petit côté spectacle. Quand on fait le set, on essaie de très peu s'arrêter entre les morceaux et que ce soit un tout. On a déjà cette idée derrière. On a envie de faire une ambiance dans laquelle tu ne lâches pas les gens et ils restent dedans tout le long, qu'ils baignent dedans.

Il y a quelques pistes qui s'entrecroisent avec le théâtre dans ce cas là.

Laurent Abrial : Oui, mais pas dans le sens théâtre interprété.

Simon Chomel : On est un peu frileux avec ça parce que c'est souvent un peu foireux. J'ai du mal à rentrer dans ces mélanges, cela demande beaucoup de nuances pour que cela reste quelque chose qui touche, un peu instinctif, qui ne fasse pas fabriquer.
On a encore un gros boulot à faire en lumière, en scénographie pure et dure sans être obligé de passer par des comédiens sur scène. On avait commencé à faire quelques essais en vidéo et on s'est rendu compte très vite que les choses se parasitaient. Le dosage était super délicat parce que certains textes sont un peu chargés, il faut rester dedans, si en plus tu as des images… C'est super fin, en fait. Du coup, on a mis un peu le frein au niveau des projets vidéo.

Laurent Abrial : Musicalement, c'est vrai que l'on ne facilite pas les choses n'ont plus.

Sur scène, les textes sont toujours au cordeau, précis. Il n'y a pas de dérive ?

Simon Chomel : Si, j'ai quelques marges de manœuvre sur des morceaux. La contrainte que j'ai est technique aussi, c'est celle de jouer en même temps et comme les textes sont arythmiques, je suis obligé d'avoir quelques repères pour ne pas me foutre complètement à la rue, d'autant plus en jouant avec des machines qui ne te rattrapent pas.
Il faut une marge de nuances sinon cela devient mécanique. C'est aussi la difficulté de retrouver justement les premières interprétations où il y avait quelque chose d'un peu urgent et de ne pas tomber dans un truc figé.

Laurent Abrial : Simon s'essaie d'abord chez lui. En général, tu as cette première interprétation, du premier jet vraiment intéressant, qui va nous guider pour la suite.

Toujours sur les textes, tu disais que cela traitait souvent des choses assez graves, rarement frivoles. Il y a beaucoup de choses que l'on devine venir de la littérature que tu apprécies, des références plus ou moins lointaines. Quelle est l'inspiration ? D'où viennent ces textes ? Comment tu composes ? D'où viennent ces idées là ?

Simon Chomel : C'est assez bizarre, c'est une mécanique que je n'ai toujours pas comprise. Il y a des périodes où j'ai du temps et j'aimerai écrire, où je me bloque des journées entières et il ne se passe rien. Et l'autre jour, j'étais dans le tram, j'allais chez ma grand-mère (rires), j'avais cinq minutes et des idées.
J'ai un rapport assez instinctif avec l'écriture, qui n'est pas réfléchi. Je crois que même les auteurs qui me touchent le plus n'ont pas un rapport lettré avec l'écriture mais quelque chose d'un peu viscéral.

Laurent Abrial : Tu me disais que quand tu avais un truc, tu le laissais mûrir en toi.

Simon Chomel : Oui, en permanence.

Et ça traine dans des cahiers ?

Simon Chomel : Je gribouille en permanence dans les bistrots, j'accumule tout ça. C'est un processus qui est super bizarre parce que quand j'écris, je me fous dans une espèce d'état second, pas rituel mais presque, un peu tordu. Peut-être parce que je ne sais pas faire autrement.

Les thèmes que tu abordes te viennent naturellement ou tu te dis que tu les choisis à l'avance comme un cahier des charges ?

Simon Chomel : Non, ce sont vraiment des trucs qui trainent au fond, nourris par des choses que tu vois au quotidien, qui te renvoient toujours à des choses un peu sensibles, qui marquent et qui du coup, font écho à d'autres choses chez moi, ça macère et ça fermente.

Cette façon de dire les textes, c'est aussi quelque chose qui pour toi semble naturel ou vous vous êtes dit que vous alliez casser la chanson pop ? Comment c'est venu en fait ?

Simon Chomel : Il y a plusieurs choses. Il y a déjà le fait que j'aurai bien aimé pouvoir chanter à un certain moment mais j'ai une voix qui ne me le permet pas tellement. J'ai une voix grave et les essais que j'ai faits ne sont pas terribles. Il y a aussi le fait que l'intention au niveau des textes reste super importantes.

Laurent Abrial : Il y a certains textes qui ne se prêteraient pas à une mélodie. En plus, c'est en français. Jusqu'à maintenant, il y a très peu de choses qui ont marché.

Simon Chomel : J'aime bien ce côté un peu percutant, un peu brut. Je sais que quand j'écris, c'est comme ça que je ressens les choses. Finalement, cela ressort un peu de la même manière dès que l'on met à plat ou dès que l'on commence à enregistrer.

Il y a des côtés très Kat Onoma sur la scansion, très hachés. Evidemment, la voix grave, on pense Rodolphe Burger. Ca fait partie de tes influences ou pas du tout ?

Simon Chomel : Non...

Laurent Abrial : J'ai écouté Kat Onoma mais ce n'est pas une référence pour nous.

Simon Chomel : Je n'ai quasiment pas écouté, je suis passé à côté. J'ai écouté Rodolphe Burger tout seul un petit peu, assez récemment en fait.

Laurent Abrial : Je ne pense pas que cela nous est marqué au point de nous influencer musicalement ou au niveau des textes. On se rapproche un peu de ça pour le côté littéraire des textes, le phrasé.
A l'époque où l'on a fait Electre, c'était plus Bashung.

Simon Chomel : Ferré, tout ça mais pas de manière directe, au même titre que les autres trucs que l'on a écoutés et qui nous ont marqués.

Projet S.I…, "ça" écoute quoi dans la vie de tous les jours quand "ça" ne compose pas ?

Simon Chomel : En ce moment, ça a du mal à trouver des nouveaux trucs, ça tourne un peu en rond. (rires)

Alors ça écoute quoi dans l'absolu ? Tu parlais de Ferré…

Simon Chomel : Ferré, oui, à petites doses parce qu'il y a des trucs que j'ai trop entendus. Pas mal de trucs américains, je tourne toujours bien sur Pavement, Steve Reich de temps en temps, le dimanche matin pour se mettre en forme. C'est assez large.

Laurent Abrial : Des gens comme Fog qui musicalement…

Simon Chomel : Oui, il y a eu une période où l'on a pris des bonnes claques !

Laurent Abrial : Dans le truc où j'explose un peu la vision que l'on a. Tiens, ce son là me plait…

Simon Chomel : Le côté bricolage.

Vous avez cette espèce de volonté de faire les choses le plus possible par vous-mêmes et d'essayer de compter avant tout sur vous ?

Simon Chomel : Oui. Déjà parce que cela a du sens et aussi, par la force des choses. Cela reste de plus en plus compliqué de bosser avec d'autres gens ou des structures. Un moment donné, si tu n'es pas là-dedans, tu ne fais rien.

Il y a un parti pris franchement chant français. Tu l'as déjà expliqué par l'importance de la précision des mots et des textes. Vous parlez d'une influence très anglo-saxonne et américaine. Il n'y a pas d'envie de faire des choses en anglais ? Est-ce que ce n'est pas une contrainte de n'écrire qu'en français ?

Simon Chomel : Oui, c'est une contrainte. Cela reste la langue que je connais le mieux et ce n'est pas où je serai efficace de toute façon.

Laurent Abrial : C'est une contrainte par le chanté. Cela sonnerait beaucoup mieux en anglais. On ne s'est pas posé la question. Toi, tu écris en français directement. Cela va restreindre forcément le public que l'on va toucher.

Simon Chomel : Cela n'est pas exclu qu'il puisse y avoir des rencontres un jour.

Laurent Abrial : Oui, mais tu n'écriras jamais en anglais.

Simon Chomel : Ou pour faire des conneries ! (rires)

Dans le milieu indépendant, ceux qui chantent en anglais sont presque mieux vus que ceux qui chantent en français. C'est un handicap supplémentaire.

Simon Chomel : Ca pose aussi la question d'appartenance aussi, à quoi tu peux être identifié et est-ce que tu as envie de ça ou pas.

Laurent Abrial : Cette histoire d'être identifié, le fait de chanter en français, c'est chiant. On a toujours cette question du style. On n'est pas chanson française. Les seules personnes avec qui ont pourraient se rapprocher, c'est Loïc Lantoine et en même temps, musicalement, ce n'est du tout notre truc aussi.

Simon Chomel : On nous a comparés pas mal à Programme aussi.
Les gens avec qui te confrontent ont besoin de t'identifier et dès qu'il y a un peu trop de nationalité sur le passeport, ça devient compliqué… (rires)

Projet S.I…, ça veut dire quoi ?

Simon Chomel : Ca date vraiment de l'époque où j'ai commencé tout seul dans ma chambre. Et "Projet" parce que j'avais envie que ce soit un projet, quelque chose d'assez libre dans la forme. J'avais envie que l'on puisse expérimenter un maximum, ce que l'on a fait d'ailleurs. Et "SI", c'était et si on le faisait, quoi !

Laurent Abrial : Il n'y a pas à chercher un message derrière.

Au contraire, c'est quasiment générique, finalement.

Simon Chomel et Laurent Abrial (ensemble) : Oui, voilà !

Simon Chomel : C'est comme les titres des morceaux, à chaque fois je galère. Je n'arrive pas à donner des titres aux morceaux, c'est toujours un peu arbitraire.

Pourtant, les titres vont parfaitement avec les morceaux : "Les Corbeaux", etc. ?

Laurent Abrial : Cela n'a pas été mûrement réfléchi, disons. On donne des titres aux morceaux dès le début, quand on doit les nommer et ça reste. Il n'y a pas eu un moment où l'on s'est posé la question. Il y a "4 Décembre" à la rigueur où là, tu avais choisi sciemment.

Et justement, cette lettre des Martyrs de Vingré ?

Simon Chomel : Je suis tombé dessus à une époque, dans un bouquin. J'avais lu un truc sur l'histoire de mecs pendant la guerre de 1914 qui, pour l'insurrection, auraient été balancés entre les deux fronts et je voulais savoir si ça s'était passé, si c'était possible. Donc, j'ai commencé à fouiller et je suis tombé justement sur l'histoire de Vingré et tout ce qui s'est passé là-bas. Déjà, c'est monstrueux et en plus, je suis tombé sur les lettres des gars qui ont été condamnés dont celle-là. Je trouvais cela terrible, vraiment chargé. Je n'avais pas envie de parler de ça directement, cela me gênait de commenter quelque chose. J'ai essayé d'imaginer ce que la personne qui a reçu cette lettre ait pu ressentir à ce moment là.

Du coup, sur ce morceau, il n'y a pas d'autres sons que la lecture à la fin. Je ne parle pas du tout début du morceau. Après, il y a vraiment cette rupture et cette lettre qui arrive comme ça, en pleine gueule. Il n'y a pas besoin de rajouter finalement quoi que ce soit.

Simon Chomel : On ne voulait pas l'habiller non plus. On n'avait fait des essais mais cela virait vite un peu pataud. Il n'y a pas besoin.

La lecture de cette lettre est assez sobre, quasiment monotone.

Simon Chomel : C'est délicat d'aller toucher un truc pareil. Le mec qui a écrit ça était fusillé le lendemain. Pourquoi en faire des caisses ?

Elle est très pudique, ta lecture.

Laurent Abrial : Oui, c'était volontaire. En plus, ce sont les mots de quelqu'un d'autre.

Justement, les mots de quelqu'un d'autre… On voit qu'il y a des connexions avec Rimbaud, est-ce que c'est un truc qui vous tenterait de chanter ?

Simon Chomel : Moi, je serai prêt à essayer, oui. Par contre, je suis hyper chiant sur l'écriture et la poésie en particulier. Ferré la fait.

Laurent Abrial : Il faudrait vraiment qu'il se passe quelque chose.

Simon Chomel : Je pense plus à un projet de rencontre, où il y ait une confrontation, quelque chose d'assez vivant. C'est ce que je te disais, je suis vraiment chiant sur l'écriture, une exigence...

Et par rapport à des textes d'auteurs "établis", Rimbaud, Sartre ?

Laurent Abrial : Je ne sais pas si on les trouvera un jour mais on a tendance à bosser avec pas mal de vinyles pour trouver les samples. On a un vinyle de Serge Reggiani qui lit Prévert. Quand on fait de la musique, c'est notre disque de référence. On met la voix dessus et on voit ce qui se passe.

Simon Chomel : Il y a une nuance dans son interprétation ! C'est là que tu vois qu'il y a un vrai boulot, une vraie patte.

On est alors vraiment à la frontière du théâtre...

Laurent Abrial : Après, on dit Reggiani mais je connais que ce disque. Je ne sais même pas ce qu'il a fait. C'est vraiment un disque où il ne dit que du texte.

Simon Chomel : Il a chanté aussi !

C'est un challenge que vous aimeriez relever sur des textes reconnus, sur lesquels il n'y a pas une virgule à changer ?

Laurent Abrial : On avait aussi un morceau que l'on ne fait plus travaillé, un truc très parlé que tu avais écrit. On avait pensé à un moment donné de le faire dire par un comédien et faire la musique par dessus. C'est quelque chose que j'aimerai bien que l'on fasse un jour. Et la lettre du 4 Décembre, on s'était posé la question de la faire enregistrer.

J'allais demander si Simon ne voulait pas prendre plus que le chant et laisser la musique à une tierce personne ?

Simon Chomel : On s'était posé la question aussi. Après, je t'avoue que jouer et avoir un instrument dans les pattes, c'est un truc que j'aime. Quand tu es pris par le truc, c'est quand même agréable d'être dans la musique aussi. Tant que je ne suis pas coincé, j'aimerai bien à continuer comme ça, rester précis sur l'interprétation.

A moyen terme, que va-t-il se passer pour Projet SI… avec la compagnie de danse Gradiva?

Laurent Abrial : On joue au Puy et à Auriac en février. Il y a deux spectacles : un où on est vraiment sur scène, on joue et Simon danse.

Simon Chomel : Ce spectacle a été une grande première ! (rires)

Laurent Abrial : Il y a toute une partie du spectacle où ce sont des morceaux que l'on faisait il y a longtemps, sur lesquels la chorégraphe a vachement bloqué. Il y a toute une partie plus musicale. Ce sont des textes de Simon que l'on joue en direct.
Il y a un solo de danse pour lequel on a fait la musique. Là, c'est enregistré.

Simon Chomel : Pour cette année, on va essayer de trouver un maximum de lieux pour jouer et sortir un peu de Sainté. On a fait une date à Lyon, c'est vrai que ça fait du bien de se confronter à des gens qui découvrent ça aussi.

Laurent Abrial : On travaille aussi sur un prochain album. Il y a déjà 4 morceaux en route.

Simon Chomel : Plus un projet hybride musique-danse-vidéo que l'on monte avec la compagnie de danse.

Sans texte ?

Simon Chomel : Si. La base du projet sera un solo de danse. Cela n'aura pas la forme d'un concert : le texte sera enregistré, sous une autre forme, un texte un peu plus long.

Et la danse, ce sera toi ?

Simon Chomel : Oui.

Laurent Abrial : Au début, c'était un projet vidéo film, pas live. Après, peut-être que ça va se faire, d'ailleurs.

Simon Chomel : Il faut que l'on s'engueule encore deux-trois fois et puis c'est bon ! (rires)

Ce n'est pas facile de voter à deux. (rires)

Laurent Abrial : Là, on est trois dessus parce qu'il y a un comédien qui vient bosser avec nous. On friche, on ne sait pas du tout la forme finale du truc.

Simon Chomel : Tout ce qui sera du texte et de la musique arrivera en soutien par rapport à ce qui se passe sur le plateau. C'est un travail plus dans ce sens là.

Et Projet SI… avec un nouvel album ? Dans la lignée de ce que l'on connaît déjà ? D'autres expérimentations ?

Laurent Abrial : Ce sera plus acoustique, moins de samples. On va certainement intégrer une vraie batterie. On attend de rencontrer quelqu'un. A deux, ça fonctionne tellement bien qu'il faudra que ça colle avec la troisième personne. On devient de plus en plus exigeants et difficiles, on sait exactement où on veut aller.
Pour le moment, on fait nous-mêmes les batteries alors que l'on n'est pas du tout batteur. Si on ne trouve pas, cela pourra être juste un intervenant que l'on embauche juste pour enregistrer.
L'album sera plus acoustique dans le sens instruments joués, moins de prog' traditionnelle.

Simon à la voix. Au niveau des thèmes abordés, tu as déjà une petite idée ? Ca va toujours être trucs super joyeux ? (rires)

Simon Chomel : Il y aura une bonne base de trucs rigolos ! (rires) J'ai essayé d'ouvrir un peu sur d'autres choses, sortir de ce truc un peu plombé. C'est compliqué d'ouvrir sans édulcorer pour autant.
Il y a déjà d'autres couleurs au niveau des textes.

Laurent Abrial : Globalement, il y a plus de choses qui te mettent en colère qui ne te réjouissent. C'est vrai qu'il y a de quoi aussi !

Une dernière question fil rouge posée à tous les deux : imaginez que votre meilleur ami (déjà, choisissez votre meilleur ami) parte à l'autre bout du monde ou sur une autre planète. En tout cas vous ne reverrez plus jamais de votre vie, mais vous aimeriez bien qu'il se souvienne de vous de temps en temps. Pour ça, vous avez décidé de lui donner un disque de votre discothèque. Quel disque personnel hors Projet SI… lui donneriez-vous ?

Simon Chomel : C'est compliqué, ça.

Laurent Abrial : Ca, c'est dur…

Simon Chomel : Déjà, un que tu n'aimes pas trop parce que tu sais que tu ne reverras pas le disque… (rires)

Laurent Abrial : Je ne suis sûr que l'on n'aille pas dire la même chose… Un disque de Pavement parce que je sais que Simon…

Simon Chomel : Wowee Zowee ou… le requiem de Mozart, au choix ! Plus Pavement, c'est plus rigolo !
Mais si tu l'as pris…

Vous êtes tous les deux d'accord sur Pavement, en fait !

Simon Chomel : Oui, si c'est quelqu'un qui part, il faut lui laisser quelque chose d'un peu joyeux !

Retrouvez Projet SI...
en Froggy's Session
pour 3 titres acoustiques en cliquant ici !

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Nation Apache de Projet S.I...
Articles : B R OAD WAY - Jerri - Pocket Bastard - Projet SI - Matru - Les Sainté Sessions (partie 1)
Articles : Projet SI - Jerri - Pocket Bastard - B R OAD WAY - Matru - Les Sainté Sessions (partie 2)
Articles : Pocket Bastard - Projet SI - Jerri - B R OAD WAY - Matru - Les Sainté Sessions (partie 3)

En savoir plus :
Le site officiel de Projet SI...
Le Myspace de Projet SI...

Crédits photos : David Didier (Retrouvez toute la série sur Taste Of Indie)


David         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

• A écouter aussi sur Froggy's Delight :

Projet SI (6 janvier 2009)


# 28 avril 2024 : Une sélection hebdomadaire fraiche comme le printemps

Ce n'est pas parce que le pays est plongé dans le froid et la morosité qu'il ne faut pas se faire plaisir. Alors, sortons, dansons, rêvons au travers de notre sélection culturelle de la semaine. Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Edgar is dead" de Edgar
rencontre avec Johnny Carwash qui était en concert avec TV Sundaze à Saint Etienne
"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
"Sublimer" de Marine Thibault
"For once" de Mélys
"Tu sauras pas quoi faire de moi" de Olivier Marois
"Boomerang" de The Darts
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die

Au théâtre :

les nouveautés :

"Capharnaüm, poème théâtral" au Théâtre de la Cité Internationale
"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala
et toujours :
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"C'était mon chef" de Christa Schroeder
"L'embrasement" de Michel Goya
"Nouvelle histoire d'Athènes" de Nicolas Simon

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=