Seul en scène burlesque écrit et interprété par Victor Haïm
mis en scène par Xavier Jaillard.
Farfadet facétieux à la plume ciselée, l'auteur dramatique Victor Haïm se fait son propre interprète dans "Fureur", un seul en scène en forme de rôt bien saignant, de fricassée pamphlétaire sur les dérives de ses semblables mitonnée aux petits oignons aigres-doux et de crème renversée sur les plaies contemporaines placées sous une nouvelle trinité, celle "du pèze, du fric, et du saint trafic".
A travers le personnage d'un chef d'orchestre mégalomane, psychotique, colérique et caractériel, surnommé "Fuhrer" par ses ingrates et indisciplinées ouailles qui ont obtenu son limogeage suite à une unanime mutinerie, qui dirige la dernière répétition, dernière au sens d'ultime, et règle ses comptes, le petit bonhomme à la lippe gourmande et à l'oeil pétillant d'intelligence malicieuse endosse l'habit du clown burlesque.
Et il s'adresse au public, factotum de cet orchestre métaphorique composé de radis creux qui massacre tellement l'oeuvre de Beethoven que ce dernier pourrait "porter plainte pour génocide", pour laisser libre cours à sa logorrhée vélléitaire jusqu'à un inattendu épilogue. Et comme toujours présentes dans ses pièces satiriques, l'autofiction et la judaïté tricotent allègrement un vrai faux portrait en creux.
Le verbe est truculent, le trait décoché sans état d'âme et l'humour, parfois noir, ravageur au point où le spectateur non averti ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon (sic). Car comme il sait se circonscrire, "Derrière mes éclats de rire, s'avancent, parfois sans se soucier du bon goût, les fureurs colorées d'une libido tragique dont je préfère me moquer".
Sous la baguette de Xavier Jaillard qui a mis en espace ce seul en scène, Victor Haïm apparaît comme un sacré apprenti-sorcier dirigeant un concerto de lamentations jubilatoire. |