On peut aligner des mots, des adjectifs, des qualifications, caractériser sans fin, trouver des liens et des connexions, retracer des généalogies et expliquer, longuement, d’où viennent et où vont les choses. On lira ainsi que le groupe Dreadzone propose une musique influencée à la fois par le dub, le reggae, la techno, la trance, le folk, le rock et le DJ-ing. Drôle de mélange qui, à l’écoute d’Eye of the horizon, le nouvel album de la formation, se révèle plutôt décevant. Comme quoi, il ne suffit pas de mélanger des ingrédients pour inventer une recette.
Tout comme la télé finit par se nourrir de la télévision elle-même, l’industrie du disque se nourrit de l’industrie du disque et l’on trouvera à lire pour nous vendre ce nouvel album, que John Peel avait beaucoup aimé le troisième des anglais (Second Light, 1995). John Peel. Vous vous rendez compte ? Ah oui, on oublie de vous rappeler que c’était bien en 1995, il y a quinze ans. Tout de même. Entre temps, le lineup de Dreadzone s’est tout de même pas mal renouvelé, et l’inspiration ne semble pas, elle, s’être renforcée.
A vouloir citer d’autres artistes, une âme mal intentionnée pourrait s’amuser à caricaturer les choses ; on lirait alors que l’un ou l’autre des Fugees faisant une imitation ratée de Boy Georges serait venu chanter sur le remix mal-inspiré d’un titre composé par l’arrangeur d’Ophélie Winter pour les Cure, qui l’auraient refusé après avoir entendu l’enregistrement démo réalisé par un vieux jamaïcain néophyte dans le domaine, mais dont la cousine aurait vu UB40 quelques temps et l’aurait convaincu de s’y essayer tout en lui assurant la participation des chœurs de Johnny Clegg aux sessions d’enregistrement. Et il y en aurait encore pour aimer, certainement.
Le temps d’un spot télé ? Au milieu d’une soirée dansante alcoolisée, le corps usé brassé au milieu de milliers d’autres corps brisés, venus de toute façon moins pour la musique que pour séduire des corps nouveaux ? Ce serait le morceau que l’on mettrait à contribution pour aller aux toilettes, commander un nouveau verre ou aller prendre l’air, certainement.
Et figurez-vous qu’il y a dans cette équipée-là Greg Dread (Greg Roberts) et Leo Williams, respectivement anciens batteur et bassiste de Big Audio Dynamite (vous savez, le groupe de Mick Jones après les Clash), mais aussi le chanteur de reggae vétéran Earl 16 (Earl Daley). Ils auront ajouté une ligne de plus à leurs C.V. |