Le soufflé est retombé. Rangeons les bulletins jusqu’à la prochaine frénésie.
Il est tant de retrousser les manches et de sortir les pioches du coffre de la voiture. Une fois le manège électoral fini, la réalité violente de la vie reprend pour un temps le dessus.
Au boulot !
Le monde est un enfer. Il l’est devenu.
Rien à faire, autre que de subir ! Le déclin est-il si (pré)visible ? Un nouveau président, peut-être une nouvelle assemblée ! Cela suffira-t-il ? Est-ce trop tard ? Le vieux monde nous a rattrapé*.
L’Europe, en décomposition ? L’avenir est noir, noir couleur deuil de nos espérances sociales et politiques. La vieille Europe des "Lumières" se fait bouffer par de mercantiles banquiers. Incapable renaissance aux idées. La finance se croit "Maître du Monde" alors qu’elle n'en est que le comptable. Et oui. Mais cela change quoi, lorsqu’il n’y a plus de patron ? Rien.
Le Hiffre se croit mettre du monde.
Matthieu Pigasse enfile l’habit du praticien, lui, le patron Rock n’roll de la banque Lazard France et Big Boss des Inrocks, chausse ses santiags et enfile le blouson clouté pour nous parler d’un monde dont on sent, sans trop vouloir le dire, qu’il a la tête enfouie dans la terre - Otez-moi ce monde que je ne saurais voir ! Le souffle senteur de venin -
la peur de réveiller les "montres endormis
"- que pourrit cette fin de vie économique.
Que la Belle Europe sombre doucement, presque inexorablement dans l’Abime de l’Histoire. Le continent semble avoir coupé le moteur de sa survie.
Matthieu Pigasse de sa plume alerte et fébrile, nous pond un bouquin qu’il faut lire pour réveiller nos neurones assoupis. On imagine bien la rage de l’auteur en train de pianoter avec force d’un auteur de polar sur le clavier de son ordinateur. Le sentiment d’écriture comme conviction. Entre le crissement de la plume d’oie de Mirabeau et l’ordinateur
Le vieux continent use sa patience intellectuelle. Entendre et comprendre "vieux pays"comme l’avait lancé Bush lors de la chasse à Hussein, déjà une insulte à la face d’un Monde qui refuse l’unité comme seule valeur. La France particulièrement visée.
Est-ce si simple ? Croyons-nous que la valeur des "Lumières" est au rebut , renvoyée d’un revers économique aux poubelles de l’Histoire ? Sentiment désabusé ! D’une lutte disproportionnée entre les idées et le commerce.
Il ne faut pas.
Et donc parcourir l’espoir que l’on caresse en lisant "Révolutions". L’avenir n’est pas si bouché et le vieux continent a ses chances dans le séisme annoncé. Les idées sont là, les hommes aussi, ceux qui de par leurs volontés, leurs pouvoirs désirent stopper l’hécatombe. C’est à l’Europe de relever le défis. Personne d’autre ne le fera à sa place. Elle seule capable, une nouvelle fois encore, de renverser le cours de l’Histoire. Elle en a les moyens.
C’est ce que pense Matthieu Pigasse qui nous propose de renouer avec l’enivrante utopie de la vie. Un désir profond de l’humain. Sentiment plaisant que l’on a en refermant le livre. Il donne pouvoir à nos idées trop longtemps sclérosées.
Lire pour débastiller nos conventions.
* Slogan détourné de 1968 qui, au contraire, offrait la direction à suivre: "Cours camarade, le vieux monde est derrière toi". |