Le trip-hop me fait toujours le même effet : celui de surfer sur les nuages, de planer au-dessus des toits. Pourquoi ? Mystère et bulles qui frisent…
Bienvenue au duo de Papaya Cake, la chanteuse de rock Illys et le musicien électro Bast.
Les premières notes font penser à la scène, à une petite salle de concert intimiste, où les bavardages cesseraient pour apprécier la qualité acoustique de Bison Blanc. Je ne sais pas si le choix est informé, donc je fais ma maligne et j’étale ma science (juste deux minutes, s’il vous plait…).
Avant que le catholicisme écrase les autres croyances, les Amérindiens, les Mayas, les Tibétains, les Egyptiens… bref, les intellos qui pensaient que le savoir pouvait vaincre les armes (ils se sont trompés), avaient connaissance de la polarité de la Terre, le Bison Blanc était le nom poétique donné au courant électromagnétique cheminant du Nord au Sud. Les temples étaient entre autre consacrés à l’entretien de ces courants.
Là où je voulais en venir, c’est la symbolique du bison blanc, la force et l’énergie du bison, combinée à la croyance oubliée de renouveau et de prospérité. Pas mal pour titrer un album (je préfère cette référence que celle du film bizarre que personne n’a vu), encore mieux pour illustrer ce mystérieux mélange de rock et d’électro, pour ce jeune groupe né en 2008. Certainement admirateurs de Massive Attack, avec un nom plus joyeux tout de même.
Les élégantes sonorités sont complétées par des paroles en anglais, douces comme des berceuses, situées juste entre nostalgie et futurisme. Le trip-hop parait triste au premier abord, mais il est tout en délicatesse et en rêveries, tout en subtilités et mélanges, s’accordant parfaitement aux accents dub des basses électro retravaillées jusqu’à la syncope.
Pas la peine de détailler les titres, leur fluidité n’est pas à démontrer, les perfectionnistes qualifiés de grincheux trouveront à redire à la jeunesse évidente du groupe (parce que ça fera pas classe de faire de l’ombre à Portishead tout de suite, ils ont plus de bouteille, question d’ancienneté).
Bref, un beau moment d’évasion, sur des plages désertes, dans des foules bigarrées, sur une falaise balayée par les quatre vents, dans une grotte de l’ère glaciaire, Papaya Cake est assurément l’album à emmener sur la sélection "île déserte" (avec des allumettes et un couteau).
|