"Clear Air" avait le cachet d'un morceau hip-hop ayant vieilli de la bonne façon : sa rythmique saccadée, bien qu'un peu désuète, était assurée de débloquer quelques déhanchements bien senties.
Ce titre, c'était une entrée en matière pour Sevdaliza, une dédicace à la musique avec laquelle elle a grandi, mais aussi un signal d'alarme quant à ses inspirations futures.
Si peu de choses ont transpiré sur l'artiste en elle-même, il semblerait que son EP, The Suspended Kid ne se limite pas à un seul fait d'arme, pas même à un seul exercice de style.
Du coup, avec "Sirens of the Caspian", l’artiste d’origine iranienne décidait de mettre sur la table quelques cartes supplémentaires de son jeu. Elle juxtaposait à son clip humide une référence à La Haine (de Mathieu Kassovitz, sorti en 1995), histoire d’énoncé clairement son pluralisme culturel, tout en prouvant être tout aussi à l’aise sur des productions mid-tempo.
Une diversité qui, contrairement à beaucoup aujourd’hui, ne se construit pas seulement autour des phénomènes internet. C’est même tout l’inverse puisqu’à de nombreuses reprises, elle s’attardera à dénoncer le consumérisme affectif et narcissique qui empoisonne les relations sur le médium internet ("That Other Girl"). Rien de bien original, certes, mais l’approche reste très appréciable.
D’autant plus que celle-ci se profile automatiquement avec une construction rythmique ambivalente, à mi-chemin entre les expérimentations d’un Tricky ou d’un 3D ("Underneath") et l’électro pop, légèrement putassière de Disclosure ("Backseat Love" et "Taste"). Un virage qu’elle emprunte aussi souvent que nécessaire comme le prouve ses plus anciens titres comme "Race Against The Machine".
Une rencontre détonante et rythmée qui n’étouffe pas complètement les propos de ce Suspended Kid. Puisque comme l’explicite la pochette de l’EP, cette enfant punie, c’est celle qui s’étouffe elle-même dans un sac en plastique. Comprendre que l’ouverture d’esprit, mais aussi les libertés personnelles ne tiennent qu’à soi. Un message que Sevdaliza défend allégrement, depuis son premier single tiraillant nos oreilles avec "Pollution is all around me, our solution lies there in clear air". Le message est clair, non ?
# 28 avril 2024 : Une sélection hebdomadaire fraiche comme le printemps
Ce n'est pas parce que le pays est plongé dans le froid et la morosité qu'il ne faut pas se faire plaisir. Alors, sortons, dansons, rêvons au travers de notre sélection culturelle de la semaine. Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.