Textes
de Henri Michaux, Victor Hugo et Antonin Artaud, mise en scène
de Gaë Tanniou, avec Loïc Bartolini et Myriam Rey.
Surgissant de sous un drap de velours rouge comme un immense
cœur mouvant, elle et lui parlent et vivent, s’aiment,
se rejoignent et s’éloignent avec les mots de trois
poètes singuliers : Henri Michaux,
explorateur de l’imaginaire dont les mots jaillissent,
introspectifs et déchainés, pour symboliser ici
l’enfance et la jeunesse des personnages ; Victor
Hugo, ensuite, dont la puissance et le romantisme sont
ici associés à la vie adulte ; Antonin
Artaud, enfin, le poète surréaliste pour
la vieillesse.
C’est un beau travail que nous propose la Compagnie des
Bancroches dans une mise en scène somptueuse de Gaël
Tanniou qui lie les trois univers avec un esthétisme
assumé et efficace. Elle fait aussi parler les corps
qui se meuvent dans une grande fluidité sans effets inutiles,
mais au contraire une cohérence qui parvient à
donner à ce patchwork poétique une vraie unité.
Le spectacle est total puisqu’hormis les yeux, les oreilles
ne sont pas en reste : les textes sont restitués avec
grande sensibilité par deux comédiens complémentaires
(Myriam Rey, un peu en force mais avec beaucoup de présence
et Loïc Bartolini, impeccable) et, chose pas toujours évidente
au théâtre aujourd’hui malheureusement :
on les entend et les comprend parfaitement.
Ce n’est pas la moindre des qualités de ce spectacle
qui, bien que bâti sur des textes de trois auteurs aux
styles tranchés, réussit à construire un
pont entre eux et les restituer avec fidélité
et générosité dans un vrai univers théâtral
qui brosse le portrait poétique d’un couple qu’on
suit avec intérêt.
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