Soliloque
conçu et mis en scène par Emmanuel Depoix et interprété
par Dominique Gras.
" Les belles nuits d'Arsène Folazur" est un
spectacle surprenant. Seul en scène Dominique Gras se
livre à une aventure d'un genre un peu particulière,
une aventure que l'on pourrait qualifier de poétique.
S'amusant des sonorités et des chausse trappes de la
langue, il promène son personnage lunaire dans les galaxies
superposées des mots et des phrases. Contrepèteries,
mots valises, synonymes, homonymes, ces jeux dans le lexique
conduisent aux frontières de l'absurde. Mais un absurde
bavard, habité puisqu'il y a de la lumière, avec
des mots qui prennent vie et sens, pour faire sourire, d'un
petit air subtil et entendu.
Car il faut savourer l'étendue des possibles que dessine
un langage sans cesse mouvant, émouvant. L'exercice peut
sembler un peu désuet à certains égards,
et en lasseront certains, peu habitués à perdre
pied, peu familiers des facéties oulipiennes.
Avec une extraordinaire économie de moyen, la mise en
scène légère d''Emmanuel Depoix met d'autant
plus en évidence la puissance d'évocation du discours,
de la parole. Il fut un temps où l'on questionnait le
langage, où on y décelait des drames secrets et
des enchantements vivaces. Aujourd'hui peut-être cela
est-il passé de mode, peut-être ne trouve-t-on
plus l'énergie iconoclaste de ce soupçon systématique.
C'est en virtuose du verbe que Dominique Gras trébuche,
bafouille, babille ou vacille pour le plus grand plaisir de
chacun, qu'il égrène lexèmes, phonèmes,
et quand on aime on ne compte pas ...
Alors quittons ces idées reçues qu'il ne se
passe rien à Paris en été, les compagnies
sont présentes et assurent le spectacle, au Théâtre
14 Jean-Marie Serreau également. |