Comédie
dramatique de Tennessee Williams, mise en scène de Jacques
Nichet, avec Michaël Abiteboul, Stéphane Facco,
Agathe Molière et Luce Mouchel.
Jacques Nichet, grand monsieur du théâtre, de
la fondation du Théâtre de l'Aquarium dans les
années 60 à la direction du Théâtre
National de Toulouse quittée depuis peu, monte "La
ménagerie de verre", la première pièce
de Tennessee Williams.
Cette pièce au destin peu commun, une nouvelle réécrite
pour un scénario qui, refusé par la MGM, sera
adapté pour le théâtre où elle connaîtra
immédiatement un triomphe au point de l'ériger
en classique du théâtre américain, se présente
comme une comédie dramatique autofictionnelle dans laquelle
l'auteur met en scène, dans tous les sens du termes,
compte tenu de l'importance des didascalies qui en indiquent
précisément le dispositif scénique, un
épisode de sa vie.
Sur fond de dépression des années 30, les membres
d'une famille modeste, tels de fragiles petits sujets en verre
que la fille collectionne, se débattent en huis clos
avec leurs illusions, leurs frustrations et leurs rêves.
Dans une scénographie minimaliste, un simple rideau
de fils noir pour matérialiser la frontière avec
la vraie vie, quelques images et la projection de "légendes",
mise en exergue de certains fragments de répliques, s'enchaînent
des tableaux qui s'apparentent à des apparitions mnésiques
que Jacques Nichet a résolument ancré dans le
burlesque où se collètent des personnages qui
renvoient à des archétypes du cinématographiques.
La mère, excellente Luce Mouchel, sorte de Scarlett
O'Hara hystérique à la dérive, reste bloquée,
comme une horloge arrêtée, au beau temps de sa
jeunesse prometteuse entourée de galants, rejetons de
planteurs qui lui auraient assurés une vie confortable,
auxquels elle a préféré un séduisant
employé qui a fini par prendre la poudre d'escampette.
Excellente également Agathe Molière en cosette
complexée par sa boiterie qui se retranche dans un monde
imaginaire.
Pour la partition masculine, tout aussi remarquable, Stéphane Facco campe le fils, le beau gosse rebelle qui veut
faire du cinéma et suivra l'exemple de son père
en fuyant le cocon familial, et Michaël
Abiteboul l'irlandais séducteur de filles.
La dédramatisation et le traitement volontairement antinaturaliste
amplifient l'aspect comique de certaines scènes. Et le
public rit beaucoup.
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