Thriller en suspens.
Elucider un meurtre en remontant le cours de la vie de la victime est à coup sûr une façon simple de mener à bien une enquête. Mais lorsque la petite histoire rencontre la grande histoire, et que cette dernière n’est autre que celle de la fondation d’Israël, il faut soit beaucoup de maîtrise de la part de l’auteur, soit beaucoup d’attention de la part du lecteur pour ne pas se perdre. Il semblerait que j’ai manqué d’attention.
A force d’allers et retours entre le présent du narrateur, journaliste baroudeur évincé des podiums journaleux mais mandaté par une maison d’édition pour élucider le meurtre lors de la réception du 14 juillet à l’Ambassade de France d’un personnage trouble, supposé espion du Mossad ; et la reconstitution parallèle de l’assassinat en juin 1933 d’Haïm Arlozoroff, dirigeant sioniste, je l’avoue, Tobie Nathan a semé le petit poucet qui sommeille en moi et qui, malheureusement n’a jamais retrouvé sa route.
Ce n’est donc pas la résolution de l’énigme Arlozoroff qui confère à ce roman protéiforme son intérêt. Ce n’est pas non plus la toile de fond historique, indissociable du sujet, certes, mais par trop dispersée. Et ce n’est pas davantage l’histoire d’amour aux prémices virtuelles entre le narrateur français à la judéité hésitante, et une mystérieuse allemande (écho balourd d’un autre amour ?) qui retient la lecture. Sa colonne vertébrale est ailleurs. Elle est dans le portrait passionnant que fait Tobie Nathan de Magda Goebbels, oui celle-là même, la femme de.
Goebbels/Arlozoroff : cette association donne le vertige. Elle le donne jusqu’à l’étourdissement lorsque l’on apprend que ces deux personnages historiques ont eu une liaison passionnée. C’est là que réside la vraie énigme de ce roman et c’est en donnant sens à cet oxymore patronymique, à travers le parcours de Magda Goebbels, que Tobie Nathan, docteur en psychologie, tient son lecteur et donne le meilleur de son écriture.
C’est haletant, troublant, dérangeant, sanglant, comme un vrai thriller. |