André H. Japp, romancière prolixe oeuvrant notamment dans la littérature policière médiévale, publie à un rythme soutenu ce qui n'est pas pour déplaire à ses fidèles lecteurs.
Dès mai 2012, ces derniers pourront suivre le deuxième tome d'une nouvelle série intitulée "Les enquêtes de M. Mortagne, bourreau" initiée en octobre 2011 avec "Le Brasier de Justice" et dont le personnage central du héros-enquêteur est particulièrement singulier puisqu'il s'agit d'un bourreau.
En effet, Hardouin cadet-Venelle appartient à une caste honnie, celle des bourreaux qui constituaient le bras armé de la justice dans le cadre de l'enquête en pratiquant les tortures destinées à obtenir des aveux et exécutaient ensuite les sentences.
Une charge infamante mais nécessaire qui simultanément les érigeait en indispensables auxiliaires de justice et les mettait au ban de la société. Néanmoins, il se distingue de ses homologues en ce qu'il a hérité d'une jolie fortune qui lui permet de mener une double vie.
Après avoir résolu une série de meurtres d'enfants, dans "En ce sang versé", il est chargé par le sous-bailli Arnaud de Tisans de découvrir l'assassin de sa fille devenue moniale, présentée comme une belle âme et, de plus, promise à un bel avenir au sein du clergé régulier.
Comme dans le volume précédent, l'intrigue, assez mince, est solutionnée presque hâtivement car, en réalité, elle se déroule en parallèle à une autre enquête du héros, une enquête plus personnelle qui tend à innocenter une jeune femme soupçonnée d'empoisonnement qui n'est autre que la soeur de l'innocente condamnée dont le visage le hante.
Par ailleurs, elle constitue une étape d'une quête qui va l'amener à chercher à rencontrer le célèbre médecin Jehan de Fauvel qui n'est autre que le père de Héluise, l'héroïne de la série "Les aventures de Druon de Brévaux" qui compte actuellement trois tomes ("Aesculapius", Lacrimae" et "Templa Mentis"), mêlée à une étrange histoire de mystérieuse pierre rouge.
Cela étant, Andrea H. Japp excelle dans la narration de la vie quotidienne à cette époque qu'il s'agisse trivialement de la composition des mets, du détail des vêtements portés et de la vie domestique au sein des différentes classes sociales que des institutions administratives et des autorités religieuses qui la régissaient sur toile de fond des luttes politiques, sous le règne de Philippe le Bel menacé par l'Ordre du Temple.
Elle invite le lecteur à une immersion passionnante dans le Bas Moyen-Age avec un réel don de conteuse, ce qui n'exclut pas le didactisme, ce qui rend chacun de ses opus riche d'enseignement quant à la vie et la culture d'un siècle souvent présenté à tort comme obscur et frustre, tout en distillant perfidement le suspense de bon aloi d'une intrigue à la double thématique à tiroir. |