Comédie d'après la pîèce éponyme de Eugène Ionesco, mise en scène de Clio Van de Walle, avec Elodie Balducchi, Julia Boutteville, Guillaume Larive, Geoffrey Mohrmann, Marc Riso et Jean-Philippe Robertella.

Permanentée, capillotactée, relookée, "La cantatrice chauve", le premier opus dramaturgique de Eugène Ionesco et une des pièces phare du théâtre de l'absurde, n'a pas fini d'en voir de toutes les couleurs.

Car cette anti-pièce à la soixantaine vaillante inspire toujours autant, notamment les jeunes compagnies, telle la Compagnie Indigo dont la proposition est tout aussi décoiffante que jubilatoire en opérant des coupes sombres dans le texte et détournant sa finalité de parodie du théâtre pour y substituer celle de la caricature de la société contemporaine.

En effet, la situation, celle d'une soirée entre deux couples interrompue par l’arrivée impromptue d'un pompier enquête de feux et qui se met à raconter des anecdotes tout en voyant en la bonne Mary une ancienne connaissance, devient l'occasion d'épingler la vacuité et l'incommunicabilité de la société actuelle.

Le comique de mots original, qui tient à la dichotomie entre la sémantique et la syntaxe, est largement remplacé par un comique de geste et des gags visuels alliés au comique de personnage.

Narcissiques et névrosés, les protagonistes emperruqués et costumés laissent libre cours à leurs fantasmes dans une atmosphère qui tient de la fête déguisée et de la soirée disco scandée par des tubes incontournables, du "Bad romance" de Lady Gaga à "L'été indien" de Joe Dassin.

Malgré les irruptions d'une bonne à l'air de queer burtonienne (Guillaume Larive), la soirée entre les Smith, elle en Cléopâtre (Elodie Balducchi), lui en Elton John (Marc Riso), et les Martin qui se prennent pour le couple princier anglais Charles et Lady Di, lui en kilt (Geoffrey Mohrmann), elle enceinte jusqu'aux yeux (Julia Boutteville), s'enlise dans l'ennui La soirée s'enlise ainsi jusqu'à l'arrivée du pompier (Jean-Philippe Robertella) qui se prend pour un gagman.

A la mise en scène, Clio Van de Walle impulse un rythme aussi allègre que soutenu à cette farce loufoque et joyeuse dont la morale est que nous sommes tous des cantatrices chauves dont la drôlerie tient essentiellement à la pétulance et à la fraîcheur du jeu des jeunes comédiens à la belle nature comique qui réussissent de savoureuses compositions.