Spectacle conçu et mis en scène par Sergio Boris, avec Patricio Aramburu, Jorge Eiro, Marcelo Ferrari, Dario Guersenzvaig et Federico Liss.
Sergio Boris, comédien, acteur et metteur en scène argentin, livre avec "Viejo, solo y puto", une partition plus cinétique que théâtrale tant elle repose sur une situation, une atmosphère et l'incarnation physique de personnages.
En effet, il n'y a point d'intrigue et au plan textuel, elle s'avère, à l'instar de l'instruction des protagonistes, sommaire et pauvre à la limite de l'indigence. Car l'auteur a souhaité proposer une immersion quasi-documentaire dans les bas-fonds de Buenos Aires sous forme d'un "voyage au bout de la nuit argentine".
Evaristo (Dario Guersenzvaig) gère la décrépite pharmacie paternelle située dans un quartier populaire dont il a transformé l'arrière-boutique en backroom où lui-même, Claudio (Marcelo Ferrari), un agent de publicité médicale et dealer à ses heures perdues, et leurs petites amies respectives, deux travestis-tapineuses, Yulia (Patricio Aramburu) la chevronnée sur le retour et la jeune Sandra (Jorge Eiro) "mangent le fonds" en puisant dans les stock pour leur consommation personnelle.
Au menu de l'apéritif qui précède une virée à la soirée "mousse" du Magico, bière, pizza et cocktails médicamenteux avec, en sus, pour les "dames" oestrogènes et piqures d'hormones pour cultiver leur plastique. Survient Dani (Federico Liss), le frère cadet d'Evaristo qui, récemment et laborieusement diplômé, veut redresser la barre mais se trouve contaminé par l'ambiance délétère.
Dans le le labyrinthe formé par l'entassement d'étagères vétustes, radeau de la Méduse des âmes perdues et corps déchus, se déroule, sur le mode de la tragicomédie hyperréaliste, un huis-clos glauque et pathétique entre des hommes à la dérive qui tentent désespérément de tuer le temps et de combler le vide d'une vie sans projet ni avenir.
Sergio Boris assure une mise en scène qui privilégie l'instauration d'une atmosphère faite de petits riens pour décrire ce microcosme singulier, ce qui peut déconcerter le public en attente d'action boulevardière, et repose sur la gestuelle des comédiens tous remarquables. |