Délaissant le temps d’une migration solo ses comparses de GusGus, le viking islandais Stephan Stephensen alias President Bongo (qui se surnomme parfois President Penis !) nous délivre un album de musiques électroniques conceptuelles et expérimentales s’aventurant entre le krautrock et le clubsound. Stephenson, passe du label Kompakt avec GusGus, pour atterrir le temps de Serengeti chez Album Label, sous division de Shitkatapult, label consacré aux albums pop, ambiants, aventureux et expérimentaux.
La région de la Serengeti voit chaque année la faune africaine migrer vers les plaines du nord-ouest à la recherche de paturages propices à la survie des espèces. Des troupeaux composés de millions de mammifères convergent alors en groupe vers cet eldorado, ce qui offre un spectacle irréel et majesteux. Six mois plus tard, les gnous et gazelles refaisant le chemin inverse afin de retourner à leur point d’origine.
La mystérieuse et magnétique Islande nous offre aujourd’hui les pérégrinations sonores de l’un de ses héros (outre GusGus, Stephenson a collaboré avec Peter Jackson et Emiliana Torrini sur la BO du Seigneur des Anneaux) qui, à l’instar des bêtes de la Serengeti, migre des sonorités électro épures de Reijkavik vers les traditions sonores africaines, se réappropriant le temps de cette escapade les bongos et autres riffs griots.
Serengeti est ainsi la rencontre de deux univers musicaux, comme une halte à mi-parcours entre deux mondes congruents. Au fil de ses huit titres, Serengeti nous transporte à coups de cordes harmoniques et saccadées, d’accordéons, et de bongos ; il nous fait traverser ce continent musical sonore en affrontant les vents du sud, car de vents il est question tout au long de l’album, chaque titre représente l’un des souffles d’éole, de "Maestrale" à "Scirocco", de "Mezzogiorno" à "Tramontana" ; Bongo nous souffle le vent violent, chaud et assourdissant de son univers musical.
Cet album destiné à la rencontre d’oreilles averties plaira autant aux amateurs de boucles et loops clubbing ("Greco", 16 minutes vers l’état de transe) qu’aux fans de rythmes ethniques et minimaux ("Libeccio", "Tramontana").
Bon voyage !
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