Comédie dramatique écrite et mise en scène par Estelle Savasta, avec Flore Babled et Chloé Chevalier (en alternance), Olivier Constant, Zoé Fauconnet, Valérie Puech et Damien Vigouroux.
Tandis que dans le salon, la benjamine répète son programme de gymnastique rythmique au ruban sans ruban, toute la famille est réunie et l'on attend Ismaël, le frère aîné, qui n'est pas encore là. Ils trouveront un mot de sa main annonçant qu'il va s'allonger à l'orée de la forêt et ne se relèvera pas.
Dans une semi-obscurité, les scènes courtes s'enchaînent dans lesquelles tout l'entourage d'Ismaël (toujours sur le sol au bord d'un chemin forestier) va tenter de communiquer avec lui, le protéger ou de lui faire entendre raison. La situation devient le révélateur de tous ceux qui approchent de l'endroit.
Dans la scénographie poétique d'Alice Duchange, un cercle d'abat-jours et d'objets hétéroclites qui jonche le sol autour d'Ismaël, l'équipe de comédiens (Flore Babled ou Chloé Chevalier, Olivier Constant, Zoé Fauconnet, Valérie Puech et Damien Vigouroux) incarne de façon convaincante la galerie de personnages qui gravite autour du corps allongé.
Pièce intrigante dont l'étrangeté est renforcée par des dialogues à mi-voix dans la pénombre, avec la forêt en toile de fond, "Nous, dans le désordre" ressemble à un conte fantastique.
Estelle Savasta, à l'écriture et la mise en scène, interroge le rapport aux autres avec cette fable noire où, au delà du cercle familial et amical, le geste d'Ismaël dérange tous ceux qui ne le comprennent pas. Par petites touches, elle tisse un récit envoûtant et dérangeant qui dresse en filigrane le portrait d'une société malade.
Une création originale et audacieuse qui donne à réfléchir.
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