Comédie dramatique de Michel Marc Bouchard, mise en scène Emmanuelle Sliman et Jason Ducas, avec Elise Bertero, Anaël Guez, Cédric Revollon et Sarah Vermande.
Ils sont quatre, dans ce patelin perdu, à se retrouver des années après, à l’occasion des fêtes de Pâques. Trois sœurs et un frère qui vivent encore dans le passé, marqués par la disparition de leur mère. Le retour de celle-ci, tant espéré, fera naître de derniers espoirs, rassemblera la fratrie ou la détruira à tout jamais .
La pièce de Michel Marc Bouchard analyse les relations familiales faites d’alliances, de jalousies et de passions. L’absence de la mère absente colorie leurs rêves et alimente leurs récits fantasmés. La langue de l’auteur ajoutée aux expressions fleuries de la version québécoise donne à ce huis-clos familial un souffle épique et poétique.
La mise en scène d’Emmanuelle Sliman et Jason Ducas convoque les fantômes de la figure maternelle à la vie énigmatique et meut les corps des protagonistes d’un regard esquissé à une danse libératrice. Les metteurs en scène osent des décalages et installent une ambiance onirique. Le travail sur les couleurs notamment est très réussi : fleurs de couronnes mortuaires, sable bleu ou rose, verres remplis d’"eau de Pâques" d’un bleu cristallin, nappe violette couverte de pétales rouges : toutes ces teintes éclatent en bouquet final lors d’une dernière scène particulièrement réussie.
Le tout est interprété par des comédiens pétris d’émotion qui jouent avec sincérité et une justesse maîtrisée le ballet des retrouvailles où rancoeurs, rapprochements et meurtrissures s’exacerbent. Cédric Revollon notamment dans le rôle du frère est inoubliable et donne à son personnage une fêlure grandiose et exceptionnelle.
Un spectacle fort en émotion par une équipe époustouflante de vérité. Remarquable ! |