Comédie écrite et mise en scène par Yann Reuzeau, avec Walter Hotton, Alain Dion, Blanche Veisberg, Renaud Castel et Geoffroy Rondeau.
Ca commence plutôt ironique avec en voix off un medley des perles politiques, du Canada français à la bravitude, puis un grand moment d'émotion avec La Marseillaise chantée par le staff présidentiel et le président de la République himself et sa moitié, la main sur le cœur tous en rang d'oignons, lors de leur prise de possession des locaux élyséens.
Mais, en privé, le plus haut personnage de l'Etat se montre subitement tétanisé, soumis au président blues, affolé par la tâche qui l'attend et déçu de ne pas ressentir l'exaltation, l'euphorie et l'excitation de la fonction qui l'avait aiguillonné tout au long de la course au pouvoir.
Et le voilà qui somme son entourage, au cours d'un brainstorming consternant, d'organiser sa déprésidentialisation par le biais de décisions impopulaires et d'initiatives fantaisistes pour lui donner l'opportunité de démissionner la tête haute.
Dans une conjoncture où la médiatisation de la fonction présidentielle et la politique spectacle se conjuguent pour alimenter les réality shows qui abreuvent les foules, Yann Reuzeau, prend, dans "Monsieur le président", comédie le contre-pied de l'élu super héros pour le ramener à sa condition humaine, démythifiant la fonction tout en redonnant une certaine vertu à la politique appliquée en suivant les règles d'une bonne gestion domestique.
Le registre demeure résolument comique, un comique qui confine à l'absurde et part en vrille pour finir en loufoquerie apocalyptique. Pour lui donner corps, il fallait des comédiens capables de tout et le quintet, dopé à la bonne humeur et débordant d'énergie, qui officie sur scène dans une mise en scène trépidante de l'auteur, ne décevra pas les amateurs de comédie de boulevard.
Le couple présidentiel est cocasse avec Walter Hotton, parfait dans une composition de président très Colgate dents blanches et bronzage californien devenu mou du genou, les miquettes ne lui ravageant pas que le cervelet, et Blanche Veisberg très convaincante et drôle en pugnace et hillaryclintonesque première dame de France.
L'aréopage est du même acabit avec Geoffroy Rondeau, épatant en incontournable énarque à la limite du psychotique qui n'est jamais à court d'idées farfelues, Alain Dion, inénarrable politicien dépressif, qui accède à la fonction de premier ministre qui va le galvaniser, et Renaud Castel, ébouriffant, virevoltant à vue entre plusieurs rôles, dont un publicitaire et conseil en communication complètement allumé et un garde du corps frénétique.
Bien évidemment, les personnages et situations de cette comédie sont purement fictifs et toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé, et des événements réels serait purement due à un déplorable état d'esprit.
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