Spectacle composées de scènes
du répertoire sous la direction de Sandy Ouvrier, avec
Yacine Aït Benhassi, Flore Babled, Astrid Bayiha, Leslie
Bouchet, Valentin de Carbonnières, Vanessa Fonte, Yordan
Goldwaser, Manon Kneusé, Sylvain Levitte, Yohan Lopez,
Clara Mayer, Julien Oliveri, Marc Plas, Guillaume Ravoire, Camille
Rutherford, Anna Lena Strasse et Manon Vincent.
Sandy Ouvrier affectionne les mises en résonance et après Sénèque et Martin Crimp , en 2009, dans "Tendre et cruel; Hercule" , voici pour ces Journées de Juin 2010 qui mêlent les élèves des trois promotions Racine vs Jean-Luc Lagarce ce qui n'est pas le moindre des défis d'autant que leurs syntaxes, pour des motifs différents et quasiment opposés, sont toutes deux difficiles.
Pour les scènes de "Andromaque" et de "Bérénice", dispensées de manière très statique sur un spectaculaire dispositif scénographique central en forme de podium de défilé, les personnages émergent d'une iconographie des films noirs des années 60, imperméable ceinturé, choucroute BB et escarpins pointus pour les femmes, costume croisé et doulos en feutre mou à la Belmondo pour les hommes.
Jouer la tragédie nécessite des moyens dont manquent la plupart des élèves et se démarquent très nettement Vanessa Fonte et Leslie Bouchet toutes deux de la promotion sortante et le jeune Sylvain Levitte, époustouflant élève de première année qui a récemment joué l'ambigu rôle titre dans "Le garçon du premier rang" au Théâtre de la Tempête sous la direction de Jorge Lavelli.
Des tribus antiques à la tribu de Jean-Luc Lagarce telle qu'elle est dans "Juste la fin du monde" et "Le pays lointain", il n'y a que le temps d'un noir et d'un extrait de "Come prima" chanté par Dalida. Retour sur le pré-carré de la scène qui va s'animer pour un spectacle choral parfaitement maîtrisé scandé par les chansons d'amour immortalisées par Edith Piaf.
Après la langue champ de bataille pour Racine pour dévoiler le chant de l'âme dans les troubles de la passion galante, la langue en construction de Jean-Luc Lagarce, aux mots si simples, des mots ordinaires, mais emplis de chausse-trappes pour évoquer le dernier voyage du fils, narrateur et acteur d'une vie qu'il a cru trouver ailleurs qu'au sein de sa famille.
Dans une scénographie très simple, quelques éléments de décors et beaucoup de couleurs pour les costumes des personnages qui se déploient comme dans un ballet d'une grande fluidité, même s'il y a des images arrêtées pour égrener ce temps qui passe et où rien ne se passe, Sandy Ouvrier réussit à restituer le caractère joyeux et désespéré des "pièces-paysage" de Lagarce.
Elle a distribué fort judicieusement dans le rôle principal Sylvain Levitte qui se montre aussi à l'aise que dans Racine tout comme Vanessa Fonte et Leslie Bouchet. Effectuent également une belle prestation Yohan Lopez et, quand elle ne part pas trop dans les aigus, Manon Vincent, qui achèvent leur cursus cette année. |