Montage de textes de Hanokh Levin conçu et mis en scène par Serge Lipszyc, avec Julianne Corre, Catherine Ferri, Valérie Durin, Elsa Rosenknop, Gérard Chabanier, Stéphane Gallet, Bruno Cadillon, Henri Payet et Sylvain Méallet.
Serge Lipszyc a puisé dans l'abondant corpus du dramaturge israélien Hanokh Levin, et notamment ses textes satiriques et ses pièces politiques, pour élaborer une pépite roborative intitulée "Que d'espoir !".
Un florilège de textes courts pour un spectacle qui prône le rire comme exutoire face non seulement à l'angoisse existentielle individuelle mais également à l'absurdité suicidaire du comportement des hommes.
Pour le pitch, mieux vaut se reporter à sa présentation en forme d'inventaire à la Prévert résumée ainsi par Serge Lipszyc : "...un bastringue en perdition où il sera question de Dieu, de hot-dog, de magie, de politique, de voyages, de théâtre, de salle de bains, de guerre, de paix, d'amour et du monde". Inutile de préciser qu'avec l'écriture décapante de Levin trempée dans l'humour noir dont il a seul le secret, chacune de ces thématiques se déploie de manière dantesque, monstrueuse et prophétique.
Serge Lipszyc a confié la scénographie à Sandrine Lamblin qui a conçu un dispositif scénique spectaculaire et ingénieux qui tient de la tour de Babel, du radeau de la Méduse, du carrousel de foire, métaphore d'un monde qui tourne indéfiniment en rond, et de la meule, ici actionnée par un cycliste qui fait office d'âne, pour tenter de percer le mystère de cette étonnante pâte humaine.
Sous les lumières impitoyables de Jean-Louis Martineau, neuf personnages ubuesques rescapés d'un effondrement apocalyptique, dont la reine caca cramponnée sur son trône Idéal standard suspendu dans le vide (à la manière de la cultissime scène du film "Delicatessen"), s'agrippent désespérément et obstinément à ce bout de monde dont ils voudraient bien être le seul occupant.
Serge Lipszyc orchestre une fine partition jubilatoire avec l'excellente troupe de la Compagnie du Matamore qui, à partir de la genèse revisitée par Levin, entraîne le public à réfléchir, entre autres, sur les tours du militaire magicien qui n'a pas de trucs, l'insondable énigme de la vie (ne pas être, être, puis ne plus être), le sacrifice d'Isaac, le biblio-canon et le conflit de territoire revu par la métaphore du royaume de la salle de bains.
Alors si ce bout de monde passe près de chez vous, ne le ratez pas... pour voir la vie autrement. |