Spectacle lyrique écrit et composé par Leos Janáček, dirigé et mis en scène par Christophe Crapez, interprété par Éva Gruber, Séverine Étienne-Maquaire, Sacha Hatala, Ainhoa Zuazua et Christophe Crapez accompagnés au piano par Nicolas Krüger.
L’œuvre du tchèque Leos Janacek, vraiment découverte par le public français depuis quelques décennies, déroute et charme, par ses accents tziganes mêlés à une musique plus "germanique".
Le canevas est simple, comme un conte villageois : le gardien de bœufs Jean (Jan) tombe amoureux d’une bohémienne vivant dans la forêt. Malgré le danger que représente une liaison avec cette "sorcière", il brave l’interdit de la majorité et s’abandonne à cette passion incandescente. Mais loin de la morale convenue, il y trouvera bonheur, paternité et foyer heureux.
Le spectacle entier repose sur un artiste étonnant, falstaffien d’étoffe, le ténor Christophe Crapez, voix envoutante et singulière, qui a mis en scène, chante et habite cette œuvre. A ses côtés, Eva Gruber incarne Zefka, Carmen du Danube, vénéneuse pour l’effarouché et bienfaisante pour l’homme sans œillères.
Des dames-voix, Séverine Etienne-Maquaire, Sacha Hatala et la basque Ainhoa Zuazua forment un chœur bigarré - mal-fagotées avec passion : l’une porte même un blue-jean râpé - jouant finement des employées kafkaiennes de bibliothèque, qui contrôlent sans cesse les fiches comme au temps des Démocraties populaires.
Au piano, un grand jeune homme sans sourire, Nicolas Krüger, au jeu subtil et douloureux, habite la scène, indifférent à tout ce qui n’est pas la musique. Spectacle "curieux" et beau, ce "Journal d'un disparu" dérange et retourne. Le souvenir des expulsions de romanichels demeure proche. Le temps des fiches, des sorcières brulées et des portes claquées, c’est toujours le présent.
Mais il y a la Beauté. Et la musique. Au passé et au futur. |