Comédie d'après le roman éponyme de
Henri Cueco, mise en scène de Lionel Parlier, avec Jean-Paul Audrain, et Christian Neupont.
Au fond de la Cartoucherie de Vincennes, dans la petite salle "studio" du Théâtre de l’Epée de Bois dont on peut dire sans hésiter qu’il est un des plus beaux de Paris, Christian Neupont et Jean-Paul Audrain jouent "Dialogue avec mon jardinier" adapté par ce dernier d’après le roman d’Henri Cueco.
Caché par le vaste chevalet, face à son jardin, le citadin gratte la toile de son pinceau tandis qu’arrive, comme chaque jour, son jardinier qui se présente par un raclement de gorge. Une conversation va alors démarrer. Ils disent qu’ils "bataillent". Ainsi, quotidiennement se joue ce rite immuable : l’un, cheminot à la retraite et jardinier de l’autre lui parle de ses toiles, du jardin, de la beauté et de la vie… Deux conceptions s’opposent.
Dans la plus grande simplicité, les deux compères échangent des répliques simples mais qui, par petites touches, tissent les liens qui les unissent. Quand l’un des deux commence à tomber malade, leur amitié s’en trouvera renforcée, jusqu’à l’issue fatale. La fin bouleversante nous laisse hébétés.
D’abord présenté comme une lecture-spectacle, "Dialogue avec mon jardinier" est devenu une pièce lorsque les deux comédiens, maîtrisant tellement le livre d’Henri Cueco, ont souhaité le mettre en scène. C’est Lionel Parlier, avec toute la sobriété qui sied à un tel texte, qui les a dirigés.
Ainsi est né ce spectacle lumineux qui parle de l’art, des salades, de la mort et de la vie.
Jean-Paul Audrain, avec ses faux airs de Philippe Caubère interprète ce jardinier avec des gestes et des accents de terroir authentiques. Sa lente descente vers la mort est un moment particulièrement poignant et mémorable.
Christian Neupont, solide et imperturbable, est ce peintre pensif qui tient un journal dans lequel il consigne des "poussières de mots" (cet homme, c’est sans doute Cueco lui-même…) et expérimente sans cesse de nouvelles façons de peindre.
Tous les deux avec la plus grande humilité et dans un jeu simple et sans effets livrent jusqu’à nous l’essence de cette histoire pleine d’humanité.
Un spectacle qui ne s’arrête pas dans la salle car, dès les saluts terminés, les deux comédiens nous invitent dans le foyer à partager une soupe chaude. Une parfaite façon de prolonger ce beau moment d’émotion et de poésie. Au mur, les dessins d’Henri Cueco complètent le tableau de cette soirée profonde et chaleureuse. |