Comédie dramatique écrite et mise en scène par Alain Houpillart, avec Jacques Le Carpentier et Olivier Till.
Il ne s'agit pas, ici, de théâtre à proprement parler, mais d'évocation historique romancée.
Son concepteur, Alain Houpillart, issu de la Finance et de la Publicité, s'est amusé à imaginer une rencontre impossible entre le Chef de la France libre et le vieil homme de la Collaboration.
1945. La France a rendu son verdict. Pétain est condamné à mort. Le Général de Gaulle, par humanité, commue cette sentence en une assignation à résidence de fait. Après Urdos, c'est la réclusion dans l'Ile d'Yeu, au large de la Vendée, où le vieux soldat égaré doit achever son existence.
Fantaisie de l'auteur : le Général - on ne saura jamais sous quelle intention - vient rendre visite au Maréchal. Les mots, bons ou fielleux, fusent : mots d'auteur, allusions historiques, dernières salves du procès.
On imagine très mal le Général de Gaulle, homme de grandeur, aller "torturer" ce grand vieillard dont la lucidité, dès 1940, ne dépassait pas quelques dizaines de minutes par jour. Olivier Till, écrasé par le rôle, ne peut que se sortir avec difficulté de cette gageure.
Face à lui, l'excellent Jacques Le Carpentier sauve le spectacle. Il incarne un Pétain implacable - celui de 1925 - qui retrouverait quelques forces dans la joute verbale. Ses gestes sont précis, ses tremblements émouvants, son intériorité profonde. Magnifique comédien de métier.
L'impression générale de malaise n'arrive pourtant pas à se dissiper. Pétain l'emporte par l'émotion, la précision. De Gaulle, portant des coups, donne l'impression de vouloir tuer le père pour exister.
On évoque les Juifs, Montoire mais surtout l'appétit de pouvoir de De Gaulle, carnassier, sans pitié pour le grand âge du Héros dévoyé. Voila. On a bien révisé son Histoire de France. Avec la fin des grands Témoins - Aubrac, il y a peu - il faut se préparer à une succession de spectacles étonnants, qui édifieront les foules. Elles en ont grand besoin.
"Ils se disent ce que personne n'avait osé leur dire en face" (extrait du programme). Alors, que faut-il leur dire en face ? Les renvoyer dos à dos, pour l'équilibre ?
"De Gaulle/Pétain - La confrontation" est un spectacle passionnant, à voir et à méditer. Une révision de grande classe. |