Réalisé par Blandine Lenoir, Diego Governatori et Luca Governatori. France. Drame. (Sortie 7 novembre 2012). Avec Anaïs Demoustier, Margot Abascal, Florence Loiret-Caille et Massimo Del Moro
Judicieuse idée d’avoir rassemblé sur le thème-prétexte de la foi deux courts-métrages d’une trentaine de minutes chacun pour faire vivre aux spectateurs une bonne heure de cinéma.
Les deux films sont de factures très différentes. "Vita di Giacomo" est une réflexion libre et volatile sur la condition actuelle de prêtre qui suit les derniers moments de "liberté" d’un jeune séminariste qui va être ordonné dans quelques heures (juste le temps pour Trézéguet de rater son penalty en finale du Mondial 2006).
"Monsieur l’Abbé" est un dispositif élégant filmant en plans fixes des catholiques des années 1930 saisis dans leur intimité en train de s’adresser à l’abbé Viollet, créateur de l’Association du mariage chrétien (AMC) qui aidait les couples chrétiens dans leur vie conjugale.
Le film de Diego et Luca Governatori se situe dans une Italie estivale ensoleillée et vivant à l’heure du football-roi. On est heureux de la victoire contre l’Allemagne et on joue au ballon rond le long des plages. La fièvre s’est emparée des séminaristes et particulièrement de Giacomo à quelques heures d’être prêtre.
Entre ses vœux à prononcer et la Squadra à soutenir, c’est l’occasion d’errer doucement, de faire la planche en soutane et de taper dans la balle en cuir avec ses petits copains de séminaire. On se croirait revenu dans l’un des meilleurs films de Nanni Moretti, "La Messe est finie", et pas très loin des "Onze Fioretti" » consacrés par Roberto Rossellini à Saint-François d’Assise.
Le film de Blandine Lenoir est plus théorique, mais elle sait constamment renouveler ses "saynètes" grâce à une kyrielle d’acteurs et d’actrices, tous empreints de gravité chrétienne quand ils posent leurs questions sur leur sexualité conjugale.
"Monsieur l’Abbé" est un morceau hilarant de sociologie et d’histoire. On y perçoit dans la sérénité de la campagne française parcourue par l’abbé Viollet une France catholique qui vit ses premiers doutes, signes avant-coureurs de ceux qui vont la plonger après guerre dans la tourmente et le déclin.
Montrer ensemble ces deux courts-métrages est finalement une bonne idée. Peut-être aurait-il mieux valu commencer par la projection de "Monsieur l’Abbé", qui s’inscrit dans un temps historique bien défini, et finir par "Vita di Giacomo" qui s’interroge sur la prêtrise d’aujourd’hui, dans une forme plus rêveuse, plus propice aux interrogations d’après-séance…
Mais c’est là un péché bien véniel qui ne doit pas empêcher de voir "Il était une foi"… |